SOPHIE VIOT COSTER, DIRIGEANTE D’ADC

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Sophie Viot-Coster
Sophie Viot-Coster
Crédits : 
Paul Blind

La valorisation du cuir à travers la jeune création française est au cœur d’Au-delà du Cuir, outil unique et transversal de la filière. Sophie Viot Coster en a pris la direction avec énergie en 2018. La pertinence du recrutement, la performance de l’accompagnement, la création de synergies font partie de ses priorités stratégiques immédiates.

Comment définissez-vous Au-delà du Cuir ?

ADC est né en 2012 pour remplacer Cuir&Création imaginé par CTC. L’association est financée à 95% par CTC via la taxe collectée. C’est l’incubateur d’entreprises de la filière cuir. Il est organisé pour accompagner ses jeunes pousses dans leur projet entrepreunarial. On accompagne vingt marques par an sur un cycle de trois ans en équilibrant chaussure et maroquinerie, créateurs et marques dites plus commerciales. Sept marques entrent et sortent donc chaque année. L’idée est de donner sa chance à la création et de répondre aux besoins du marché. 56 marques ont été accompagnées depuis le démarrage. Au final, très peu ont arrêté, c’est encourageant. La mission au sens large est d’assurer le renouveau de la filière en créant des emplois et de faire rayonner la création française à travers le cuir.

Comment avez-vous découvert le cuir et quel a été votre parcours jusqu’à ADC ?

Après mon diplôme en commerce en 2000, j’ai fait plus de dix ans de conseil en organisation dans diverses entreprises, essentiellement industrielles. En 2012, j’ai créé Les Cireurs, un service de cirage de chaussure, qui s’est déployé en centre commercial, au Bon Marché, dans les bureaux. J’ai pu développer l’activité grâce à ADC que j’ai intégré en 2011. Cette expérience a crédibilisé ma démarche et m’a permis de découvrir le cuir, les salons, les acteurs…J’ai ensuite accompagné dans son développement la marque de chaussures Apologie fondée par Olivia Cognet et j’ai créé avec mon mari une société en organisation et système d’information. Début 2018, j’ai pris mes fonctions chez ADC.

Comment s’organise le programme et quels services sont proposés ?

La sélection est faite par un comité d’engagement, composé de douze professionnels issus de la filière cuir, de la mode, de l’industrie. Le programme pour chaque marque sélectionnée dure trois ans maximum avec un bilan de contrôle annuel. Ce dispositif propose une aide financière (11000€/an/marque) et des formations collectives, des accompagnements individuels. Les marques souhaitant investir ont accès à un fonds de garantie mis en place par le Conseil National du Cuir et la Fédération Française de la Chaussure. Angarde, Chamberlan, Ateliers Auguste en ont bénéficié. Beaucoup de dossiers sont en cours. Le showroom parisien ADC est aussi à leur disposition. Sa vocation est d’être au service des marques. Je voudrai ajouter la dimension collaborative et l’impact du réseau. A mon arrivée, j’ai interrogé les 56 marques et presque toutes ont répondu. La mise en réseau, les échanges de bons plans arrivent en tête même si les aides financières ne sont jamais négligeables. Il en ressort un esprit de corps, intergénérationnel très précieux pour la filière.

Sur quels chantiers travaillez-vous ?

Le principe de l’aide à la création d’entreprise est large. ADC nous a permis d’acquérir une véritable expertise dans ce domaine mais nous pensons à élargir notre champ d’accompagnement en s’ouvrant à la tannerie, l’ameublement, voire au service à travers des outils de développement. Notre showroom, créé pour les marques, se prête à l’ouverture. Il pourrait aisément accueillir des événements, des expositions initiés par la filière, comme celle organisée avec le CNC et la FFC  à l’occasion de Paris Design Week. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il déménage pour s’agrandir car de nombreuses marques souhaiteraient un espace de coworking, un labo photo… Les critères de sélection sont en train d’évoluer. L’idée en effet est de concentrer le recrutement du parcours classique ADC sur les marques déjà lancées sur le plan commercial. Mettre en pratique les divers enseignements dispensés lors des trois années nécessite un niveau de maturité que n’ont pas toujours les marques. En parallèle, va être mis en place un accueil des marques « en création ». Ce premier niveau répond à des demandes quasi quotidiennes, ce qui me fait dire qu’ADC est une sorte de « guichet d’information » pour ce type de profils. A l’inverse, le programme plus light réservé aux marques déjà structurées, telles Mr.Moustache ou Solovière, va être enrichi, notamment sur le plan des financements. ADC participe d’ailleurs à l’un des quatre groupes de travail du Comité Stratégique de Filière (le CSF Mode et Luxe) mis en place par l’Etat. Il porte justement sur l’accompagnement des marques émergentes. L’ambition de fond est d’être un laboratoire au service de la filière en tissant des liens pour mieux transmettre la richesse de nos métiers.