Edgard Lucilla, Cordonnier bottier chez Maison Berluti

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Edgar Lucilla a reçu le Prix Avenir Métiers d’Art de l’INMA pour sa première paire Sneakers Lux fabriquée à la main
Edgar Lucilla a reçu le Prix Avenir Métiers d’Art de l’INMA pour sa première paire Sneakers Lux fabriquée à la main
Crédits : 
Augustin Detienne

On peut être esthète de la basket et féru de botterie traditionnelle… Le jeune cordonnier bottier, formé chez Berluti, a reçu le Prix Avenir Métiers d’Art de l’INMA pour sa première paire Sneakers Lux fabriquée à la main.

 

Quel est votre parcours ?

Plus jeune, je voulais être designer automobile. J'ai suivi un baccalauréat professionnel Industries Graphiques mais en réalité c’était trop tourné vers le monde de l’imprimerie. J’ai néanmoins appris les logiciels de production assisté par ordinateur. J’ai passé ensuite un an et demi en fac de sport. Comme je voulais fabriquer des baskets, j'ai intégré les Compagnons du Devoir en 2015. J’ai commencé à me former à la botterie traditionnelle en alternance chez Berluti. Après le CAP, j’ai passé un BTS métiers de la mode option Chaussures et Maroquinerie au Lycée de la Mode de Cholet. En 2017, j’ai réalisé ma première paire de baskets en cuir. En septembre 2019 j'ai intégré une licence pro Création Industrielle dans le Design avec l’université d’Angers, toujours dans les locaux du Lycée de la Mode.

Comment avez-vous découvert le cuir ?

Grâce au stage dispensé chez les Compagnons du Devoir. J’ai commencé par étudier le processus de tannage, les nombreux types de cuir utilisés dans la fabrication d’une chaussure, de la peausserie pour la tige, du collet battu pour les renforts, du croupon pour la semelle… Le BTS m’a ensuite permis d’approfondir les différents types de cuir et d’évaluer leur qualité.

Qu’est ce qui vous a poussé à la fabrication de la chaussure et plus particulièrement de la sneaker ?

C’est la passion avant tout qui m’a poussé à faire ce que je fais aujourd’hui. Je pratique le basket-ball depuis que j’ai 9 ans. Il a grandement contribué à l’orientation que j’ai choisie. Je me souviens de ma première paire de Nike reçue à l’âge de 13-14 ans. Tous mes coéquipiers du basket portaient des paires de marques. Je pensais que plus j’en aurais, plus elles élèveraient mon jeu au plus haut niveau… J’ai toujours dessiné des baskets chez moi et j’en ai démonté plusieurs paires pour savoir comment elles étaient fabriquées.

Que retiendrez-vous de votre apprentissage chez Berluti ?

J’ai commencé chez Berluti en octobre 2015 et j’y suis toujours. Je m’étais inscrit chez les Compagnons du Devoir en janvier, je devais trouver une entreprise d’accueil pour effectuer mon apprentissage. La maison Berluti m’a accueilli dans son atelier des Rosiers-Sur-Loire. J’ai tout de suite accroché avec la botterie traditionnelle, même si ma passion était la basket ! Une basket, c’est toujours une chaussure... Je devais apprendre les bases avant de pouvoir expérimenter la basket. Mon poste actuel est ouvrier de pied mais je suis polyvalent C’est une expérience unique, professionnellement, techniquement et surtout humainement. J’encourage tous les passionnés à vivre cela. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre dans ce métier, à me perfectionner, à tester de nouvelles techniques…

Quelles sont les qualités nécessaires ?

La patience, la curiosité ainsi que la créativité. Il faut tester et encore tester. La persévérance est très importante. Parfois on a l’impression de stagner, de ne plus être créatif. Cela fait partie du processus, on est ensuite beaucoup plus productif. Aujourd’hui il faut être aussi novateur et penser à l’écologie, construire le futur.