Newsletter n°5

EDITO // CONSTRUIRE ENSEMBLE L’AVENIR DU CUIR

Le Conseil National du Cuir, avec ses 19 fédérations, représente une filière aux chiffres significatifs : 8 000 entreprises, 70 000 salariés, 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Mettre dans la lumière nos métiers du cuir, sans exception, ainsi que leurs perspectives de développement constituent un enjeu capital pour améliorer l’image de nos entreprises. C’est une mission dans laquelle nous sommes tous engagés.

L’année qui se termine a été particulièrement riche en événements.. En nous associant à deux salons d’envergure - l’APLF à Hong Kong et Révélations à Paris -, le cuir made in France a animé deux expositions qui ont connu un réel succès. France Focus Country, avec La Galerie The French Touch, et Atout Cuir ont valorisé l’excellence et la créativité de nos savoir-faire.

Les Rencontres du Cuir sont devenues un rendez-vous incontournable. Elles offrent l’opportunité exceptionnelle de découvrir, en région, des entreprises diverses et dynamiques, à l’image des Tanneries Haas en Alsace et de Maltier le Malletier près de Poitiers. Les besoins de nos entreprises sont bien souvent méconnus. Les Rencontres du Cuir ont pour objectif de favoriser l’échange et d’établir un dialogue constructif entre tous les acteurs locaux, pouvoirs publics compris.

L’avenir des entreprises de notre filière ne saurait s’envisager sans encourager la transmission de nos savoir-faire. C’est pourquoi le Conseil National du Cuir est un acteur déterminé d’événements résolument tournés vers les jeunes comme Les Portes du Cuir en Aquitaine Poitou Charentes et L’Aventure des Métiers qui se tient à Paris. Les tragiques attentats de novembre, qui ont meurtri notre pays, ont empêché la tenue en 2015 de ce salon grand public dédié aux plus jeunes. Mais ça n’est que partie remise puisqu’il se tiendra en mars 2016. La formation est un enjeu plus que jamais décisif. Le Conseil National du Cuir a choisi de soutenir les Compagnons du Devoir, récemment installés à Pantin, par sa participation à la future Procédéthèque et d’attirer l’attention, dans sa dernière newsletter de l’année, sur l’exemplarité d’une autre école spécialisée, La Fabrique.

En 2016, nos actions vont continuer à se renforcer. Nous allons notamment initier l’émergence de Clubs d’entreprises en région, à l’exemple de ce qui a été fait en Aveyron et en Aquitaine Poitou Charentes. Le Conseil National du Cuir souhaite faciliter la mise en place progressive de pôles cuir afin de regrouper les forces vives de la filière sur un même territoire. Après avoir investi les réseaux sociaux avec succès, notre nouvelle websérie donnera une place encore plus importante à la jeune génération désireuse de se familiariser avec nos métiers. Je vous donne d’ores et déjà rendez-vous au Salon de l’Agriculture avec le Syndicat Général des Cuirs et Peaux, en février prochain. Toute l’équipe du Conseil National du Cuir se joint à moi pour vous souhaiter, au nom de la filière française du cuir, une année 2016 dynamique et sereine. 

Frank Boehly

Président du Conseil National du Cuir

 

FOCUS // LA FABRIQUE IMPOSE SES FORMATIONS EN SELLERIE MAROQUINERIE

Les ateliers Grégoire, au sein de La Fabrique, forment chaque année 80 jeunes environ aux métiers très prisés de la sellerie maroquinerie.

La CCI de Paris Ile de France est investie depuis les années vingt dans l’enseignement de la sellerie et de la maroquinerie. Baptisés à l’origine Ateliers Ecoles et devenus un véritable centre de formation en 1950, les ateliers Grégoire sont installés depuis 2014 sur le site de La Fabrique près de la porte de Champerret.

Crédits : 
Conseil National du Cuir

L’enseignement de la sellerie maroquinerie est associé, dans ce pôle, à la décoration et à l’aménagement intérieur. L’école, qui accueille dans sa totalité plus de 300 apprentis et étudiants, en formation initiale et continue, forme également à l’habillement et son management (ESIV) et à la scénographie (Visuel Merchandising),

La formation proposée par les ateliers Grégoire se décline en trois cursus. Le DIMA est un pré-apprentissage d’une année, ouvert aux jeunes âgés de 15 ans, après une classe de 4ème et de 3ème. Le CAP Maroquinerie et le BAC Pro Métiers du Cuir option Maroquinerie alternent sur deux ans enseignement à temps plein et apprentissage. Selon une enquête OFEM Premier Emploi 2015, le taux de réussite aux examens passe le seuil des 100% tandis que l’insertion professionnelle en Bac Pro atteint 90%.

Crédits : 
Conseil National du Cuir

« Les classes ne dépassent pas quatorze élèves, précise Thierry Manzini, en charge de la communication de l’école. Nos effectifs comprennent une majorité de filles et cette année, 28 adultes en formation continue ». Selon lui, les ateliers Grégoire disposent d’un atout particulièrement apprécié, la double compétence du cousu main en sellerie et le piqué machine en maroquinerie. Ces deux techniques traditionnelles, exigeant habileté, rigueur, précision, soin, sont très recherchées dans le secteur haut de gamme de l’accessoire de mode. « Les marques de luxe recrutent, c’est une évidence, poursuit Thierry Manzini. A la demande d’Hermès, nous avons constitué une classe d’une année pour accueillir des profils très déterminés », aptes à perpétuer l’excellence du sellier français.

La Fabrique, attentive au marché, est résolument tournée vers l’avenir afin de réinventer l’excellence des savoir-faire français. Elle vient ainsi d’ouvrir Le Lab, premier fablab intégré en France à une école de mode et de décoration. Deux nouveaux programmes enrichiront prochainement les formations : celle « très demandée » de conseiller des ventes dans les métiers du luxe (2016) et l’option Accessoire Maroquinerie, en complément de l’ESIV (2017). Aux horizons 2020, enfin, La Fabrique rejoindra Pantin avec pour ambition d’accueillir 500 futurs diplômés.

 

GRAND ANGLE // LA CRÉATION D’ENTREPRISE ET LA REPRISE STIMULENT L’AVENIR DU CUIR

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Conseil National du Cuir

Le Conseil National du Cuir a organisé les quatrièmes Rencontres du Cuir près de Poitiers chez Maltier le Malletier. Un entrepreneur parmi d’autres qui a évoqué, lors d’une table ronde, les besoins d’une entreprise en France.

La malleterie, entre excellence artisanale et nomadisme raffiné, figure parmi les savoir-faire du cuir « à la française ». Créée en 2014, la marque Maltier le Malletier a su moderniser une tradition en un concept de luxe novateur, porté par deux amis d’enfance, cofondateurs de la marque poitevine. Benoît Maltier, lui-même héritier d’ancêtres malletiers, s’est formé au mobilier et au design (Boulle, Institut du Design de Saint-Luc) et Guillaume Désert, au droit et aux sciences politiques. Le duo a investi l’ancienne gendarmerie de Neuville-de-Poitou, où Jean-Louis, maître artisan issu du luxe, façonne sacs et surtout malles sur mesure. Des pièces uniques, racées et techniques, transformables en bureau, bibliothèque ou berceau, voire technologique, à la demande de Taittinger, avec une paroi de leds déployable, intégrée à une structure métallique sanglée de cuir. L’entreprise, de plus en plus appréciée à l’international, est soutenue par le dispositif ADC au-delà du cuir.

Quelles sont les clés pour reprendre ou créer une entreprise ?

Guillaume Désert, Directeur Général de Maltier le Malletier
«  Il y a trois ans, j’ai eu envie de relancer le métier de cireur. Je connais Benoît depuis la classe de quatrième et il est ébéniste de formation. Je lui ai demandé de dessiner un siège intégrant un module de rangement. Il a conçu une malle…C’est ainsi qu’est née la marque ».

Rafik Mahiout, cofondateur de Dognin
« Je me retrouve assez dans votre parcours. Avec Luc Dognin, nous avons abordé le cuir de manière transversale. Luc vient des soyeux lyonnais. Il a étudié les finances, la musicologie. Après avoir travaillé chez Céline, il a fondé sa propre marque de maroquinerie. Moi-même, je suis ingénieur avec un master en management. Quand je pensais entreprise, lui imaginait le produit. Le made in France fait parie intégrante de notre marque. Pour nous, le savoir-faire n’est pas figé, il est mouvant. Pour mettre au point notre mise en forme du cuir, nous avons collaboré avec des écoles d’ingénieurs. Nous avons internationalisé le brevet, développé une colle écologique… L’innovation est intégrée à notre process de fabrication ».

Avec quelles aides peut-on accompagner les entrepreneurs ?

Benoît Malletier, Président de Maltier le Malletier
« Le prix international de CréaVienne a été la première reconnaissance "officielle" de notre projet. Mais toutes les aides nous sont utiles. Outre le partenariat financier de Michelin, le programme au-delà du cuir nous a permis d’accélérer notre développement grâce au coaching. J’ai bénéficié d’une formation au CTC à Lyon pour parfaire ma connaissance du cuir. Nous nous sommes fait connaître aussi en exposant dans le showroom parisien d’ADC et sur un salon à Dubaï ».

Rafik Mahiout, cofondateur de Dognin
« La marque Dognin a démarré il y a dix ans en exposant sur des salons ouverts à l’international. Les Aides à la Création nous ont permis de nous structurer. Les concours nous confrontent au marché international. Nous avons pu ainsi nous implanter au Japon, notre premier marché, et participer à deux voyages présidentiels en Russie. Il faut un produit juste et rentable. Il ne s’agit pas de travailler plus pour perdre plus… Les marques créatives made in France ont un boulevard devant elles à condition d’être structurées et de penser collectif ».

Françoise Vincent, Directrice de ADC au-delà du cuir
« Nous avons déjà sélectionné 34 dossiers depuis 2012 et nous recevons en entretien une cinquantaine de porteurs de projets par an. La sélection se déroule devant un jury professionnel. ADC propose trois volets d’aides : des coachings entrepreneurial et avec des experts métiers, un soutien à la communication et à la promotion sur les salons professionnels  et dans le showroom ADC, ainsi que des aides financières directes (plafonnées à 9 000€ par an par entreprise). Nous avons aussi identifié sur le territoire vingt ateliers de chaussures et 25 ateliers de maroquinerie, disposés à réaliser des prototypes ou de petites séries. C’est très encourageant ».

Quelles sont les perspectives d’avenir pour les entrepreneurs français des métiers du cuir ?

Frédéric Rondinaud, PDG de Rondinaud
« Notre entreprise est spécialisée dans la Charentaise depuis 1907, un produit ancien qui a eu ses heures de gloire. Son savoir-faire remonte au XVIIIème siècle avec la semelle en feutre issu de la papèterie. Aujourd’hui, Rondinaud - labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant - est en pleine reconversion. Nous avons développé un bureau de style, investi dans la communication, organisé un défilé à Paris et gagné le premier prix à Montbron en relookant une charentaise que nous allons commercialiser dans notre réseau. Mais on peut être facilement copié. Pour résister à la concurrence avec des produits aussi traditionnels que le nôtre, il est utile de protéger son savoir-faire avec une Indication Géographique Protégée (IGP) ».

Jean-François Robinet, Directeur de la Direccte Poitou-Charentes
« La région Poitou-Charentes est un bassin emblématique pour le cuir avec une centaine d’entreprises et 6 000 dans la future grande région. L’export représente un fort potentiel. Le soutien de l’Etat est significatif et la situation de l’apprentissage a été clarifiée. L’avenir des repreneurs et des cédants s’inscrit au cœur de nos réflexions ».

Elisabeth Morin-Chartier, Députée Européenne
« La création, c’est de l’imaginaire, du risque personnel. Le courage ne s’apprend pas. Dans la dynamique de création d’une entreprise, la PME est la structure la plus solide. Au niveau européen, il en existe 23 millions. La France a besoin de porter un regard neuf sur les métiers manuels et sur la formation. Il n’existe pas de création d’entreprise sans une vision mondiale du marché. Le brevet européen, qui évite les démarches dans les 28 états membres, est un outil précieux pour la dynamique entrepreneuriale. L’Europe doit se positionner avec les Etats-Unis. Un traité encadrant les flux est d’ailleurs en cours. Il nous aidera à lutter plus efficacement contre les contrefaçons, en particulier sur le créneau du haut de gamme très concerné ».

Frank Boehly, Président du Conseil National du Cuir
«  La PME constitue la pierre angulaire de l’économie de notre pays. Elle est un vecteur de créativité décisif pour la filière du cuir. Les entrepreneurs dynamiques qui se lancent comme Maltier le Malletier représentent une force pour notre filière, une vraie richesse. Ses créateurs ont su se positionner sur le haut de gamme en construisant une offre adaptée au marché. Notre devoir est de les soutenir activement ».

 

LE CHIFFRE // 8

8%, c’est la hausse des exportations françaises des gants en cuir à l’issue du troisième trimestre 2015.

Le gant français affiche de belles performances à l’étranger. Toutes ses catégories se sont développées : le sport (+22%), la ville (+9%), la protection (+5%). En volume, c’est le gant de protection qui l’emporte : 5,3 millions sur les 5,8 millions de paires exportées. Le prix moyen en douanes, lui, a progressé de 3,6%.