CTC, Comité Professionnel de Développement Economique Cuir Chaussure Maroquinerie Ganterie, mène diverses actions d’intérêt collectif. Basé à Lyon, il forme les professionnels, aide les entreprises à innover, à se développer, à exporter. Ces missions collectives sont financées uniquement grâce aux ressources de la taxe fiscale affectée qui est un outil de compétitivité pour la Filière Française du Cuir.
Françoise Nicolas, Directrice Innovation - Expertise industrielle
Ingénieur de formation, Françoise Nicolas a quitté la sidérurgie pour le cuir. Chez CTC depuis 1990, elle est aux commandes de l’unité de recherche de la Filière Française du Cuir et gère les actions d’innovation en lien étroit avec le secteur industriel.
Quelle est votre mission ?
CTC est un outil qui doit être utilisé par le plus grand nombre d’entreprises de la filière. Mon rôle est de le rendre le plus réactif possible en apportant des solutions économiques adaptées aux demandes des industriels. CTC est aussi un outil prospectif qui prépare l’avenir technologique pour la filière cuir. Nous veillons à être suffisamment présents dans les réseaux de Recherche&Développement. C’est indispensable pour identifier les transferts de technologies pertinents et les partenaires compétents.
Quelle place occupe l’innovation au sein de CTC ?
L’innovation est fondamentale et ne doit en aucun cas se limiter aux seuls aspects techniques. Elle couvre différents volets (développement durable, performance industrielle, qualité de la peau…). Elle est aussi au cœur des méthodes pédagogiques mises au point par CTC avec des outils de plus en plus interactifs, numériques… Notre objectif est vraiment d’anticiper les besoins émergents des entreprises. Nous menons une trentaine de projets d’innovation par an en partenariat avec une centaine d’entreprises.
Qu’est-ce qui distingue CTC des autres Centres Techniques Industriels ?
CTC est la seule entité en France entièrement dédiée au cuir et à l’ensemble de sa filière, de l’amont à l’aval. Il couvre une multiplicité de métiers dans des secteurs très divers - le luxe bien sûr mais aussi la mode, le sport, la sécurité avec les EPI -. CTC est assez généraliste pour s’adresser aux TPE/PME qui représentent 85% de la filière. Il est aussi suffisamment pointu sur les techniques d’avenir pour dialoguer avec les leaders du luxe sur le marché.
CTC est à l’origine d’un outil original de traçabilité des peaux. De quoi s’agit-il ?
C’est un système en deux étapes, mis au point en étroite collaboration avec les abatteurs et tanneurs. La première consiste à marquer les peaux par laser. Elle est opérationnelle et en cours de déploiement dans les abattoirs et tanneries. La seconde, en cours de finalisation, est une lecture automatique. Il s’agira d’une première mondiale qui sera déployée par la Filière Française du Cuir.
CTC travaille aussi sur l’évolution des conditions de travail à travers des outils ergonomiques. Pouvez-vous préciser ?
C’est une problématique commune à toute la filière car l’homme est la première ressource de l’entreprise. Sa protection passe par l’amélioration des postes de travail. CTC a développé des outils spécifiques pour alléger notamment la manutention et soulager les efforts au niveau des mains/bras/épaules. Toutes les entreprises, grandes et petites, sont concernées.
Quels sont les prochains chantiers ?
Le recyclage des chutes de cuir, de nouveaux outils de formation, l’usine du futur avec robot collaboratif et exosquelette de la main. CTC est totalement engagé sur la question de la traçabilité, un enjeu d’avenir pour l’ensemble de la filière.
LA FORMATION AU CŒUR DE CTC
La transmission des savoir-faire est un enjeu stratégique pour l’avenir des entreprises françaises du cuir. CTC assume les actions de formation pour l’ensemble de la filière en privilégiant les besoins des entreprises sur le terrain.
Une offre complète
CTC s’appuie sur quarante ans d’expertise dans le domaine de la formation. Son catalogue contient plus de 80 formations, dont une quinzaine inter-entreprises. Elles visent les métiers du style, de la vente et les savoir-faire spécifiques de la conception, de la production dans les secteurs de la tannerie-mégisserie, de la chaussure et de la maroquinerie. CTC propose également des formations transversales dédiées à l’ensemble de la filière. Elles sont aussi diverses que la mode et le design, le développement des compétences et le management, le développement durable et l’innovation...1600 personnes sont formées en moyenne chaque année, dont 300 étudiants en partenariat avec les écoles de la filière. Une cinquantaine de formateurs - dont 80 salariés de CTC - dispensent ces actions. CTC bénéficie d’un campus européen Cuir Chaussure Maroquinerie basé à Lyon mais intervient sur l’ensemble du territoire puisque 80% des actions de formation se déroulent dans les entreprises.
Priorité au sur-mesure
« Notre catalogue est en fait la vitrine de ce que nous réalisons dans l’année en fonction des demandes des entreprises, précise Thierry Voisin, Directeur Gestion des savoir-faire. La formation sur-mesure représente 85% de notre activité. Elle tient compte d’un grand nombre de facteurs : le niveau des apprenants, les objectifs de formation, la durée souhaitée… ». Les formations de 1 à 5 jours permettent de développer une culture basique produits/matériaux. Celles de 5 jours à 12 semaines sont destinées à renforcer l’expertise des collaborateurs au sein de l’entreprise ou à former de nouveaux entrants dans le cadre de formations qualifiantes ou certifiantes. « Aujourd’hui, on recrute un grand nombre de personnes qui ne connaissent pas le cuir, souligne Thierry Voisin. La majorité de nos entreprises travaillent pour le luxe. La compétence, la performance s’acquièrent après la formation. L’accompagnement des nouveaux entrants est décisif. CTC assiste aussi les entreprises de manière globale. Cela va du diagnostic des besoins jusqu’à la mise en œuvre de dispositifs complexes pilotés avec le concours de partenaires extérieurs ». En 2019, CTC prévoit d’ajuster son offre aux nouvelles exigences de la formation professionnelle et d’aider les entreprises dans la mise en œuvre de leur formation dans le cadre de la Loi du 5 septembre 2018 pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » (JO 06/09/2018).
Des métiers porteurs
Les départs à la retraite d’une génération détenant des savoir-faire très spécifiques sont programmés à court terme. Former la relève est capital. Les postes concernés sont très larges. Ils vont de la conception à l’encadrement en passant par la production, dans les secteurs de la tannerie, de la chaussure et bien sûr de la maroquinerie, qui a le vent en poupe. « La croissance continue en maroquinerie conduit à intégrer de futurs collaborateurs ou à perfectionner des salariés en piquage ou sur le métier de maroquinier, confirme Thierry Voisin. Mais on enregistre aussi des demandes en piquage et montage chaussure. Par ailleurs, les métiers de la coupe ou de prototypiste font régulièrement l’objet de formations ».
CTC DYNAMISE L’EXPORT
Le développement à l’international est un relai de croissance essentiel pour la Filière Française du Cuir. CTC soutient les entreprises exportatrices en finançant, grâce à la taxe affectée, un grand nombre de missions sur les marchés étrangers.
Les exportations de la Filière Française du Cuir sont particulièrement performantes. En hausse continue, elles représentent 10,6 milliards d’euros sur un chiffre d’affaires de 25 milliards d’euros. CTC joue un rôle capital puisqu’il accompagne les entreprises françaises dans leur stratégie de développement et d’implantation. Ces dernières sont financées à 70% pour exposer sur un salon hors Europe. « A l’export, la question financière se pose pour les entreprises, spécialement pour les PME/TPE, majoritaires dans notre pays, souligne Jean-Pierre Gualino, Président de CTC. Elles se heurtent à des problématiques complexes : la garantie financière, les coûts élevés, la règlementation… Si on n’assouplit pas le système et si on ne pérennise pas la taxe fiscale affectée, le pays risque de continuer à se désindustrialiser ».
Forte présence à l’international
CTC consacre 1/4 de son budget aux aides à l’export. Celles-ci ont concerné, en 2018, 44 salons en Europe, 15 hors Europe et 11 missions de prospection collectives aux Etats-Unis, au Canada, Pakistan, Portugal, en Corée, Europe de l’Est, Russie, Grande-Bretagne. L’ensemble de ces actions de promotion de la Filière Française du Cuir est proposé, coordonné, piloté tout au long de l’année par les syndicats, fédérations et associations professionnelles. La Fédération Française de la Chaussure a ainsi fait l’événement à l’automne dernier à Séoul avec son exposition « History of a French Passion For Leather Accessories » et son pop-up de chaussures, maroquinerie, gants « made in France ». « Nous mettons tout en œuvre pour soutenir les industriels et les créateurs dans leurs démarches à l’international », résume CTC.
