Newsletter n°13

EDITO // FACILITER L’ACCES AU CREDIT POUR NOS PME/TPE

A chaque fois qu’une entreprise de notre filière cesse son activité, cela met en péril la conservation de notre patrimoine professionnel et de nos savoir-faire mondialement reconnus. C’est une situation inacceptable pour le Conseil National du Cuir qui défend au quotidien l’ensemble de nos métiers, que ce soit au niveau industriel ou artisanal. L’accès au crédit est trop souvent un parcours du combattant pour un chef d’entreprise, qu’il s’agisse de développer son activité ou de transmettre son entreprise.

En accord avec les fédérations de la filière, le CNC a d’abord envisagé la constitution d’un fonds de garantie pour faciliter la transmission ou le développement des entreprises. Une réflexion approfondie, réalisée par le cabinet d’études Greenlight, a permis de définir les critères d’éligibilité des entreprises, de préciser le périmètre d’intervention et de déterminer la dotation et la forme juridique de ce fonds.

Finalement, en partenariat avec BPIFrance, nous avons identifié des outils plus pertinents, spécialement conçus pour faciliter le développement et la transmission des TPE et des PME : le Prêt Croissance Petite Entreprise, le Prêt aux Industries Créatives et le Fonds Régional de Garantie pour la Transmission d’Entreprise, trois systèmes de garantie mis en place sur le plan  régional. Je suis très optimiste car ces produits sont bien adaptés aux besoins et à la taille de nos entreprises. Les prêts, accordés dans des conditions très avantageuses, s’échelonnent de 10 000 à 400 000 euros. Le Fonds pour la Transmission d’Entreprise garantit jusqu’à 70% du concours bancaire.

Dès que ces outils seront opérationnels, notre prochain objectif est de proposer aux chefs d’entreprise une sorte de « mode d’emploi de l’accès au crédit ». En partenariat avec les fédérations, nous allons réaliser une fiche technique expliquant de façon simple comment présenter un projet de développement ou de transmission à son banquier. Cela facilitera grandement l’accès au crédit de nos entreprises, en particulier les plus petites d’entre elles, les produits BPIFrance garantissant aux banques une prise de risque minimum.

 

Frank BOEHLY, Président du Conseil National du Cuir

 

FOCUS // FORMIER EMBAUCHOIRISTE, UN SAVOIR-FAIRE A PRESERVER

Hervé Brunelle est le dernier formier embauchoiriste en France. Son atelier, labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant, fait honneur aux métiers d’art et à la filière française du « sur mesure ». 

Crédits : 
CNC

Son parcours est exemplaire. Compagnon du Tour de France puis formier chez Hermès, Hervé Brunelle connait tout de la cordonnerie/réparation, de la podo-orthèse jusqu’à la botterie d’équitation et de luxe. « J’ai pratiqué la mécanique de précision avant de m’orienter vers la chaussure. J’ai passé en candidat libre tous les examens de la profession. Il faut du courage, de la ténacité ». En 2005, il ouvre à Troësnes dans l’Aisne son atelier qu’il dirige avec son épouse, maroquinière de formation.

Le métier de formier embauchoiriste est une spécialisation de l’artisan bottier. L’embauchoir en bois est fabriqué sur mesure à partir de la forme servant à réaliser un soulier ou une botte. Il garantit à la fois longévité et esthétique. « La méthode n’a pas vraiment changé avec le temps, j’ai fabriqué à la main la plupart des outils de mes machines », précise Hervé Brunelle, qui utilise les outils traditionnels du menuisier. Il choisit lui-même sur pied les arbres dans les forêts de Villers-Cotterêts. Du hêtre en majorité mais aussi de l’aulne, dont ses clients voyageurs apprécient la légèreté. Les pièces qu’il façonne et creuse à partir d’une bûche lui demandent 3-4 heures pour une paire de chaussures, deux jours pour des bottes.

Hervé Brunelle cultive l’excellence de sa pratique. Ses préoccupations sont aussi celles de nombreux artisans sous traitants du secteur du cuir en France. « La relève n’existe pas, déplore t-il. C’est important pour moi de transmettre ce que j’ai appris. J’ai formé un formier aujourd’hui basé en Provence et j’accompagne un jeune artisan bottier. Si mon atelier est racheté, le métier risque de se standardiser ». Il apporte pourtant à ses clients - les artisans bottiers français  et étrangers - des solutions sur mesure réclamées par des consommateurs exigeants. « Les Anglais sont très friands de bottines à boutons. Or le Royaume Uni a perdu le savoir faire d’embauchoiriste. J’observe par ailleurs une demande croissante d’embauchoirs pour femme, en particulier les cavalières très sensibles à leur tenue ». Autant de pièces uniques, qui méritent d’être préservées. Sans elles l’art français de la botterie serait incomplet.

 

GRAND ANGLE // LE CUIR FRANÇAIS, PARTIE PRENANTE DES METIERS D’ART

La Filière Française du Cuir a participé une nouvelle fois au salon Révélations, biennale internationale des métiers d’art et de la création, avec son exposition A FLEUR DE PEAU. 

Crédits : 
CNC-P&M

La nef du Grand Palais a créé l’événement en mai dernier à Paris. Elle a accueilli plus de 40 000 visiteurs qui ont découvert et échangé, cinq jours durant, avec les 400 spécialistes présents. Au côté des artisans créateurs et des manufactures réparties sur l’ensemble du territoire, le Conseil National du Cuir a défendu l’excellence de ses métiers, patrimoine à la fois économique et culturel et facteur d’expansion pour la filière toute entière. 

Un décor « green », conçu par Anne Camilli a servi de cadre à l’exposition inédite baptisée A FLEUR DE PEAU. Pour Béatrice Rousseau, directrice du CNC, « ce parti pris rappelle que la nature et l’environnement représentent un enjeu majeur et une préoccupation essentielle pour les professionnels français du cuir. Le marché français du cuir est l’un des plus sûrs au monde ». Les cuirs de veau, taurillon ou agneau fournis par les tanneries françaises, découpés en feuilles de chêne ou de monstera par les étudiants de La Fabrique, illustraient le colorama 100% nature d’un matériau authentique et vivant.

La maitrise du geste, à l’œuvre dans le façonnage du cuir, a fait l’unanimité au sein d’une scénographie inventive, pédagogique, fédérant les principales organisations de la filière. Grand public et professionnels prescripteurs ont découvert une centaine d’accessoires, historiques et contemporains, emblématiques de la maroquinerie, de la chaussure, de la ganterie françaises. Pour accompagner l’exposition, des ateliers de démonstrations (sellerie maroquinerie, botterie, montage chaussure…) ont souligné toute la diversité des pratiques, la richesse des expériences, la générosité et la passion des artisans présents.

 

LE CHIFFRE // 16%

C’est la hausse des exportations françaises pour la maroquinerie au premier trimestre 2017.

Le début de l’année 2017 a été marqué par les excellents résultats de la maroquinerie en France. Les exportations ont progressé sur tous les continents, de l’Italie à Hong Kong en passant par les Etats-Unis. L’envolée des sacs à main et de la petite maroquinerie profite au chiffre d’affaires du secteur.