Newsletter n°10

EDITO // TANNER AVEC PASSION EN FRANCE

Les femmes et les hommes des tanneries mégisseries françaises ont de l’or dans les doigts. On ne le sait pas assez. Notre Fédération comprend sur le territoire 60 tanneurs mégissiers, dont une quarantaine d’entreprises industrielles. Beaucoup produisent des cuirs finis de très haute qualité, mondialement connus pour certains. Les savoir-faire spécifiques sont variés, le suivi saisonnier et la réactivité à la pointe. Une grande diversité caractérise le cuir français (veau, bovins, agneau plongé, crocodile, chèvre…). La France est aujourd’hui leader mondial pour le cuir de veau et les peaux exotiques. Nous devons nous en féliciter ! Cependant, des importations massives et des exportations trop faibles en volume aboutissent à un déficit commercial important, alors qu’un niveau de marges trop bas fragilise notre métier, maillon sans doute le plus sensible de « la chaine de valeur cuir en France ». En accord avec la filière, la Fédération Française Tannerie Mégisserie est déterminée à mener une stratégie active de soutien à ses membres, du plus petit au plus grand, tant à l’export qu’au niveau institutionnel.

Industrie de main d’œuvre par essence, la production de cuirs finis n’autorise que peu d’économies d’échelle. Deux lignes fortes guident notre action. D’une part, l’intelligence du geste doit être protégée à tous les niveaux par le développement des compétences de nos équipes. D’autre part, le coût unitaire de la main d’œuvre doit être contenu avec le maintien des programmes emblématiques d’exonération de charges sociales sur les bas salaires. Réjouissons-nous que certains grands groupes s’intéressent à nos tanneries mégisseries au point d’en racheter certaines, cela peut garantir un carnet de commande. Mais veillons à ne pas assécher l’offre dans le secteur. La reprise de sociétés du secteur, par des entrepreneurs indépendants ou familiaux, peut aussi pérenniser solidement la diversité de notre offre, maintenir l’innovation sur de nouvelles matières et faire émerger des talents managériaux, techniques ou commerciaux, insoupçonnés et bien formés aux défis économiques d’aujourd’hui.   

La diversité des cuirs français nourrit l’export depuis tout le territoire national. Le rôle de la Fédération est d’aider à la prospection et d’accompagner à l’étranger nos membres sur des marchés porteurs déjà connus ou en devenir. Le pavillon France de la Fédération est présent chaque année dans une quinzaine de salons internationaux, il permet de « chasser en meute ».  Ces missions export, auxquelles nous croyons beaucoup, dynamisent le secteur et contribuent au rayonnement international de nos spécialités. Enfin, la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), concept « tendance », est prise très au sérieux par nos membres. Ils sont à la pointe sur le sujet car soumis depuis longtemps aux normes ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) et REACH (innocuité des cuirs commercialisés dans toute l’UE). Nous entendons le faire savoir avec force, tant les trésors de compétences et de savoir-faire développés en ces domaines sont nombreux chez tous nos adhérents présents dans l’hexagone.

Jérôme Verdier 

Président de la Fédération Française de la Tannerie-Mégisserie 

 

FOCUS // DEFENSE DU MOT CUIR

Crédits : 
Metropolitan Influence

Le cuir est le produit de la transformation de la peau animale. Le cuir vegan n’existe pas, alerte le Conseil National du Cuir, soucieux d’informer le consommateur.

Le cuir fait partie intégrante de notre quotidien. Il sert de matière première pour fabriquer nos vêtements, sacs, chaussures, mobilier… Autant de produits attachants, durables, ennoblis par la matière. Mais pour obtenir un cuir fini magnifié, il a fallu transformer une peau animale brute au prix d’un grand nombre d'opérations. Les tanneurs exercent ce métier ancestral de transformation. C’est ce que définit précisément le décret 2010-29 du 8 janvier 2010 : « L’utilisation du mot cuir (…) est interdite dans la désignation de toute autre matière que celle obtenue de la peau animale au moyen d’un tannage ou d’une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau ». Pour la Fédération Française de la Tannerie Mégisserie, « le terme doit être respecté dans son droit et son sens objectif ».

La sensorialité du cuir incite à imiter son aspect visuel, son toucher unique. Les mentions de simili cuir, de skaï sont apparues dans les années 1960-70 avec le développement des plastiques et des synthétiques. Le mouvement vegan, en plein essor, recherche aujourd’hui des alternatives excluant tout produit issu des animaux. « Lorsque nous lisons dans la presse, « cuir d’ananas » ou « fruit leather », cette expression est mensongère, rectifie le Conseil National du Cuir car il ne s’agit en aucun cas de la peau d’animal mais d’une matière issue tout simplement de la pulpe d’un fruit ». Le « cuir d’eucalyptus » ou « cuir de champignon » n’est pas plus légitime.

Le cuir végétal n’est pas davantage élaboré à partir de fibres de fruits ou de légumes. Il ne pousse pas non plus sur les arbres ! Il existe pourtant bel et bien. Mais afin d’éviter tout amalgame et contre-sens, la Filière Française du Cuir invite à utiliser l’expression exacte de « cuir tannage végétal ». Cette forme de tannage est d’ailleurs l’une des plus anciennes dans l’histoire du cuir. La peau animale est transformée par des tannins végétaux, extraits de feuilles, d’écorces…Le cuir obtenu est assez dense, il se patine avec le temps. Sa couleur marron clair renforce son caractère végétal et son image « naturelle ».

Le Conseil National du Cuir entend mener campagne pour défendre l’appellation correcte du mot Cuir.

 

GRAND ANGLE // LES INGENIEURS CUIR SONT FORMES EN FRANCE

L’ITECH à Lyon est depuis plus d’un siècle l’école mondiale du cuir. Héritière de l’Ecole Française de Tannerie, elle prépare au diplôme très prisé d’ingénieur cuir. Une spécificité française qui porte ses fruits sur le terrain..

Crédits : 
ITECH

L’Institut Textile et Chimique de Lyon (ITECH) fait partie des fleurons français de l’enseignement supérieur préparant au diplôme d’ingénieur. L’école, spécialisée aujourd’hui dans les polymères, s’appuie sur un riche passé étroitement lié au cuir. L’Ecole Française de Tannerie a en effet été fondée en 1899 à Gerland avant d’être rebaptisée en 1969 l’Ecole Supérieure du Cuir et des Peintures Encres et Adhésifs (ESCEPEA) puis en 1988, l’ITECH. L’école, qui est la seule en Europe à former les ingénieurs cuir pour la tannerie, mégisserie et ses applications en chaussure et maroquinerie, est basée depuis 2000 à Ecully.

L’option Cuir représente ¼ des effectifs de l’école, soit 25 élèves et 2 apprentis par an en moyenne. Les filles sont largement majoritaires (80%). A la remise des diplômes, plus de la moitié des jeunes ingénieurs sont déjà en activité. Deux orientations s’offrent à eux en tannerie mégisserie et dans la chaussure ou/et maroquinerie de luxe. Les postes sont variés : chef de production, chargé de projets en Recherche&Développement, responsable Finissage, responsable Qualité, acheteur, responsable de direction.

Un tiers des ingénieurs cuir formés à Lyon intègre des tanneries françaises et étrangères, situées en Italie, Espagne, Asie, Afrique du Nord et du Sud en tête. Pour Laetitia Moulin, responsable de la Majeure Cuir, « l’ingénieur cuir apporte un regard neuf sur le métier traditionnel de la tannerie et de la mégisserie. Il met à disposition sa polyvalence. Il démontre que l’on peut travailler différemment, optimiser les process, les formulations. Il apporte de la valeur ajoutée en matière d’innovation (cuir lavable par exemple) ou de développement durable (RSE) ». Le passage en tannerie est un atout indiscutable pour appréhender la maroquinerie ou un autre métier du cuir dans le secteur du luxe.

La Filière Française du Cuir, à l’écoute des besoins de ses entreprises, est très impliquée dans la formation et le développement des compétences. CTC met ainsi à disposition des futurs ingénieurs sa Plateforme Cuir, site regroupant machines et outils spécifiques. Ce lieu dédié accueille aussi depuis 2010 des tanneurs et mégissiers désireux de suivre, dans le cadre des certificats de qualification professionnelle, le Cursus labellisé Tannerie Mégisserie. 

 

LE CHIFFRE // 4%

C’est la hausse des exportations du cuir français.

La progression se poursuit depuis 2015. Le cuir français est toujours très prisé pour sa qualité et son savoir-faire. Plus de la moitié des exportations sont destinées à l’Union Européenne (55%), Italie et Espagne en tête. Hors Union Européenne, la France exporte principalement vers la Tunisie, le Maroc, Hong Kong et la Chine