NEWSLETTER #28 // Des synergies stratégiques et dynamiques

La Filière Française du Cuir est un écosystème complet qui produit et transforme l’une des premières matières recyclées depuis l’origine de l’Humanité. Les professionnels, répartis sur l’ensemble du territoire, sont d’autant plus performants qu’ils collaborent étroitement tout au long d’une même chaîne de valeur. ADC, Cuir Invest, et le dernier-né Faire de Lance, constituent des structures transversales, dont l’expertise favorise l’essor des entreprises. La 12e édition des Rencontres du Cuir, organisée au format digital le 18 mars 2021, a été l’occasion de présenter les dispositifs d’aide à la création d’entreprise mis en place par la filière. 

ADC ETEND SES SERVICES

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ADC

A sa création en 2012, ADC fait figure de pionnier. Issu de Cuir et Création porté par CTC, son outil d’accompagnement destiné aux créateurs entrepreneurs français est unique dans le secteur du cuir. Toujours à la pointe, il renforce ses programmes et apporte de nouvelles solutions aux spécialistes du cuir.

Un vivier de talents multifacettes

En moins d’une décennie, ADC est devenue une référence dans l’Hexagone. Les marques sélectionnées sont venues alimenter majoritairement le secteur de la chaussure, à l’image de Caval, Pairs in Paris, M.Moustache, Angarde Paris… Mais la maroquinerie n’est pas en reste comme en témoignent D’Estrëe, Archipel Paris, Le Feuillet ou encore Louise Carmen. ADC s’est adaptée avec le temps aux besoins exprimés sur le terrain. La jeune tannerie lyonnaise Ictyos et des marques établies - telle La Botte Gardiane - ont rejoint récemment les lauréats. Quels que soient leurs savoir-faire, ils sont tous implantés en France et porteurs d’un projet créateur et novateur dans le domaine du cuir. ADC les a identifiés afin d’assurer le renouveau de la filière.

Expertise et bienveillance

Etre créateur et entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille… ADC propose un accompagnement global pour soutenir et accélérer le développement des nouveaux entrants sur le marché. Les lauréats bénéficient d’ateliers collectifs, de webinaires thématiques, de « coachings » individualisés pour corriger les points faibles et évaluer les opportunités. Le programme, d’une durée d’un à trois ans, est soutenu par une aide financière, variable selon les profils de 10 000€ à 15 000€. Elle encourage entre autres les TPE à produire sur le territoire national. Accueillir des entreprises plus matures et renforcer l’expertise numérique comptent parmi les priorités d’ADC pour cette nouvelle décennie. Sophie Viot Coster, aux commandes depuis 2018, observe que la crise sanitaire a accéléré l’évolution des business models. « Les marques que nous soutenons sont fortes, différenciantes. Elles doivent intensifier leur développement sur le web. La colonne vertébrale de nos accompagnements concerne aujourd’hui le marketing et ses déclinaisons en digital ».

Une vitrine plurielle et accessible

Le showroom ADC, historiquement situé près du centre Pompidou, a profité du confinement en 2020 pour déménager et s’installer dans un lieu de rencontres récemment ouvert par la filière, au 64 rue de Cléry. Un choix délibéré pour présenter la « French Touch » du cuir dans le quartier du Sentier, étroitement lié à l’industrie de la mode. Cet espace, sous sa verrière lumineuse, accueille les bureaux de l’association et offre une surface d’exposition de près de 150 m2 aux marques lauréates qui ont le loisir d’y présenter leurs produits et d’y accueillir leurs clients. ADC propose également à ses lauréats et aux acteurs de la filière un site de coworking et tout un panel de services leur permettant de développer leurs activités. « Nous nourrissons un répertoire d’ateliers, un annuaire d’experts, des listings de prestataires, précise Sophie Viot Coster. Nous identifions tout au long de l’année les acteurs qui pourraient être utiles aux entreprises ».

FAIRE DE LANCE RAPPROCHE MARQUES ET FABRICANTS

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Faire de Lance

Collaboratif et ambitieux, Faire de Lance est le nouveau projet de filière lancé en 2021. Il veut devenir un acteur majeur de la création d’entreprise et contribuer à revitaliser la production dans l’Hexagone.

La Filière Française du Cuir enrichit ses outils fédérateurs pour soutenir le made in France. Après ADC - destiné aux marques créatives -, la plateforme Faire de Lance fait ses premiers pas pour accompagner celles qui veulent fabriquer leurs collections sur le territoire.

Une plateforme de mise en réseau

La nouvelle entité a vu le jour grâce à un groupe de travail réunissant CTC, les fédérations de la maroquinerie, de la chaussure et de la tannerie mégisserie, le Conseil National du Cuir, sans oublier l’incubateur ADC. Leur réflexion a porté sur les besoins rencontrés au quotidien, sur le terrain, par les marques françaises d’accessoires mais aussi par les fabricants et sous-traitants de la filière. Jean-Pierre Tolo, Président de la Fédération Française de la Maroquinerie et ancien dirigeant de SIS, est catégorique : « Les attentes sont bien réelles. Le sourcing des matières est la première des demandes que nous avons enregistrées lors de notre étude de marché, envoyée à l’ensemble des professionnels en 2020. Faire de Lance doit venir combler un maillon manquant en soutenant la production française ». Pour l’épauler dans son projet, le groupe de travail en a confié la coordination à Catherine Fraisse, une passionnée d’artisanat et juriste industrielle qui possède une solide expérience dans la maroquinerie et la chaussure.

Chaussure et maroquinerie, si loin, si proche…

Les lauréats d’ADC peuvent en témoigner. Beaucoup d’entre eux - tels Caval ou Timothée Paris - ont été contraints de développer leurs collections hors de France, faute d’avoir trouvé le fabricant apte à les accompagner dès la phase de démarrage. Le secteur de la chaussure est le premier concerné. Pour Jean-Pierre Tolo, « l’écosystème des composants dans nos métiers est à réinventer. Le métier de formier est menacé de disparition et les fabricants de semelles sur le territoire se comptent sur une seule main ». Catherine Fraisse parle de « métiers oubliés »… Pour inverser la tendance, le duo met en avant la complémentarité existant entre la maroquinerie et la chaussure. « Je déplore leur cloisonnement, soutient Jean-Pierre Tolo, car nos deux secteurs peuvent croiser leurs cultures respectives. Adapter, par exemple, les techniques de production, les modes de management proactifs, qui ont fait leurs preuves dans la maroquinerie peut permettre à la chaussure de regagner en productivité et à terme redonner une attractivité internationale au made in France ».

Vers un renouveau industriel

Faire de Lance se définit comme un « collectif généreux », apte à rapprocher les acteurs de la filière, encore trop isolés. Un système « gagnant-gagnant », selon Catherine Fraisse. « Les industriels ont beaucoup à apprendre des jeunes générations. A l’inverse, les porteurs de projet, souvent focalisés sur le produit, manquent de culture industrielle. CTC, en cas de besoin, apportera son soutien technique ». Les débuts sont prometteurs. Depuis sa création, Faire de Lance reçoit la demande de deux à quatre projets par mois. La structure nationale mise sur le soutien annuel d’une cinquantaine de projets d’entreprises. Dans un second temps, elle pourrait permettre de produire des prototypes et des mini séries à la demande.

L’UNION SPORT & CYCLE RENFORCE SES LIENS AVEC LE CUIR

Le cuir est un matériau largement utilisé dans la fabrication des articles de sport : chaussures, gants, selles… L’Union Sport & Cycle fait partie des organisations professionnelles de la distribution regroupées au sein du Conseil National du Cuir. Damien Jacquart, en charge du marketing et du développement, détaille ses actions et ambitions pour étendre l’influence du sport.

Damien Jacquart, en charge du marketing et du développement chez Union Sport&Cycle

L’Union Sport & Cycle est une organisation récente. Quelle est sa spécificité ?

L’Union Sport & Cycle regroupe depuis 2016 le secteur des articles de sport et de la mobilité. Elle réunit les industriels, les importateurs (marques), les prestataires de services (salles de sport, loueurs en montagne…), le commerce de détail spécialisé (grandes enseignes et commerçants indépendants). L’organisation fédère plus de 1 500 entreprises réalisant plus de 13 milliards d’euros de CA. Elle compte près de 100 000 salariés.

Quelles sont ses réalisations les plus significatives ?

L’Union Sport & Cycle est devenue l’organisation de référence auprès des pouvoirs publics. Elle est notamment l’un des membres fondateurs de la nouvelle « Agence Nationale du Sport », en tant que représentant du monde économique et le représentant de la filière auprès du gouvernement, en cette gestion de crise. Dès 2017, elle a initié le label « Villes actives et sportives », qui valorise les politiques sportives dans chaque territoire. 440 villes de métropole, outre-mer et collectivités territoriales, au total, ont été distinguées. En 2020, elle a lancé le « Coup de pouce vélo » pour favoriser la réparation des cycles. Les enjeux concernant le développement de la pratique sont portés au quotidien par des commissions « métiers ». Elles donnent lieu à des études de marché, à l’organisation de conférences, salons, événement et autres projets structurants pour la filière.

L’Union Sport & Cycle a engagé un travail de fond en matière de RSE. Qu’avez-vous mis en œuvre ?

La nature est le principal terrain de jeu de nos clients finaux. En toute logique, l’Union Sport & Cycle, via sa commission Développement Durable, est très active sur les sujets et actions de protection de l’environnement. Les adhérents sont ainsi soumis à un code de conduite pour la fabrication et l’importation des articles de sport. L’Union Sport & Cycle est impliquée au sein de différents éco-organismes, tels Re-Fashion ou Corepile. Avec Ecologic, elle participe à la mise en œuvre opérationnelle de la nouvelle filière REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) articles de sport et cycle, instaurée par la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire).

Le commerce d’articles de sport a connu une année de crise avec la pandémie, malgré un fort engouement des Français pour le sport. Comment envisagez-vous la reprise ?

La période est en effet paradoxale. Certains commerces et marques ont bénéficié des contraintes de la crise et ont vu leur CA se développer, parfois fortement. C’est le cas de la pratique à domicile (home fitness), du running, ou encore du cycle. Néanmoins le secteur a subi majoritairement une très forte récession. Nous restons confiants, car la période a démontré aussi le caractère essentiel de la pratique physique et sportive pour les Français, tant pour leur santé, leur équilibre que leur bien-être. Elle doit intégrer plus largement le champ de l’éducation, de la santé et devenir un outil de lutte contre les addictions, dont celle nouvelle aux écrans et autres activités digitales.

Quels sont vos objectifs au sein du CNC ?

Pour l’USC, le CNC est un organisme transversal exemplaire, qui a su ces dernières années très bien représenter toute une filière, moderniser sa communication et aborder avec courage les nouvelles grandes tendances de consommation. L’union est donc toujours aussi enthousiaste pour apporter son expertise et collaborer aux différents projets de la Filière.