LA RSE AU PROGRAMME DES PORTES DU CUIR 2019

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La RSE au programme des Portes du Cuir 2019
La RSE au programme des Portes du Cuir 2019
Crédits : 
Michel Dartenset

La ville de Saint-Junien, berceau historique de la ganterie française, a accueilli la 7ème édition des Portes du Cuir du 27 au 29 septembre. L’événement en Nouvelle- Aquitaine a mis à l’honneur des thèmes aussi fédérateurs que l’entreprise responsable, l’économie circulaire ou l’éco-conception.

Depuis ses débuts en 2013, la manifestation permet de mettre en lumière les besoins et les enjeux des entreprises du cuir sur le terrain. « La responsabilité environnementale fait sens avec les questionnements du consommateur, a souligné Laurent Duray, qui préside Les Rencontres du Cuir. Nous en sommes au démarrage de l’économie circulaire mais les entreprises sont largement mobilisées afin d’optimiser une matière première, par essence vertueuse ». Passages choisis…

 

Une démarche mûrie et globale

La première table ronde avait pour thème la mise en place d’une démarche de responsabilité environnementale au sein de l’entreprise. Le cuir est une filière prioritaire en Nouvelle-Aquitaine. Deux grands noms du luxe, basés dans la région, ont donné leur définition de l’entreprise responsable. Selon Hermès, il s’agit de « laisser la meilleure empreinte à tous les niveaux, a précisé Pierre-Alexandre Bapst, en charge du développement durable. Au-delà du cadre législatif, la responsabilisation en interne, la mobilisation sont des moteurs très puissants. Les regards croisés s’avèrent très utiles. La nouvelle génération a le mérite de nous remettre les pieds sur terre !... » Revenir au bon sens est un avis partagé par le chausseur J.M.Weston. « Essayons d’être simple dans l’intelligence, a confirmé le directeur industriel de la manufacture de Limoges. Le bilan énergétique que nous avons réalisé, par exemple, avec la tannerie Bastin, s’est révélé un formidable levier ». A la direction de la performance industrielle du Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine, Florence Rouffaud rencontre beaucoup d’industriels qui « font de la RSE sans en parler. Qu’il s’agisse de démarrer ou d’approfondir la démarche, il est indispensable de bien définir sa stratégie. Chacune se transforme à son rythme. Performance économique et environnementale ne s’opposent pas. ». Parmi les organismes partenaires, l’Ademe apporte son expertise en matière environnementale et énergétique. « Notre rôle est d’accompagner les entreprises dans le cadre de la transition énergétique et écologique, a rappelé sa directrice régionale Michèle Debayle. Nous les informons à tous les niveaux. Il faut savoir que les mesures énergétiques sont les plus rapides. C’est en revanche beaucoup plus long en ce qui concerne l’environnement et la fin de vie ».

 

Les vertus de l’économie circulaire

En préambule à la seconde table ronde consacrée à l’économie circulaire au sein de la filière cuir, la directrice du Pôle environnement Nouvelle-Aquitaine, Céline Texier, a tenu à souligner que l’économie circulaire ne pouvait se limiter à « une simple problématique de recyclage. Corrélée à la RSE, elle a à voir avec les achats durables, l’économie territoriale, l’éco-conception, l’optimisation des ressources… Les entreprises ne doivent pas hésiter à valoriser leurs bonnes pratiques, à échanger, à se mettre en réseau… L’économie circulaire est une vraie valeur ajoutée ». Des initiatives cartographient progressivement le territoire. Denis Lebret a ainsi présenté la Filière Excellence Cuir Nouvelle-Aquitaine, un projet construit avec les acteurs de l’amont et de l’aval de la filière cuir. « Nous sommes partis d’un constat sur le marché du cuir. La qualité du cuir est insuffisante pour l’ultra luxe. On a supprimé les très mauvais cuirs mais on manque toujours de très beaux cuirs. La traçabilité individuelle des peaux que nous soutenons est un véritable projet d’économie circulaire unique en France. Elle profitera non seulement à l’éleveur mais garantira au client une filière encore plus vertueuse ». La transformation du déchet de cuir en isolant est un autre concept de revalorisation. « L’idée a vu le jour il y a quelques années au niveau européen. Nous voulons relancer le projet en nous appuyant sur la filière dynamique de Nouvelle-Aquitaine », a annoncé l’ingénieur Thomas Garneson (Nobatek/Inef4).

 

Un projet d’entreprise derrière l’éco-conception

Comment intégrer l’éco-conception dans la création d’un produit, se sont interrogés les différents intervenants de la troisième table ronde. L’éco-conception est certes devenue un mot à la mode et les produits étiquetés éco-conçus ne cessent de se multiplier… Christophe Robin, en charge de l’éco-conception à la CCI des Landes, a pointé du doigt la demande croissante observée chez le consommateur. « Une étude réalisée cette année montre que les priorités pour le consommateur évoluent. Le bien-être et la santé, jusqu’alors en tête, sont désormais à égalité avec la protection de l’environnement. Mais pas question de pratiquer le copié-collé ! L’éco-conception traduit la vision produit de l’économie circulaire. Elle prend en compte les matières premières, la transformation, la chaîne logistique, l’usage, la fin de vie. C’est un projet d’entreprise, une quête d’innovation, un défi pour chaque entreprise ». L’éco-conception demande de l’exigence et relève de l’intelligence collective. Pierre-Alexandre Bapst a ainsi expliqué qu’en rapprochant, dans les ateliers, les postes de coupe et de table, Hermès réduisait ses déchets en optimisant la matière. Patrick Mainguené, basé dans la Drôme, a pris la parole pour présenter Insoft et sa chaussure éco-conçue Ector. « J’ai toujours travaillé dans la chaussure, dans le sport en particulier et en Asie. J’ai démarré chez Salomon. A l’époque, on mettait plusieurs années avant de lancer une chaussure de ski. Aujourd’hui, c’est impossible ! Mais avant d’entreprendre, il faut se demander si le produit est légitime et mener une vraie réflexion industrielle. La première chaussure tricotée à base de fils issus de bouteilles en plastique, entièrement recyclable, a nécessité un développement de plusieurs années. Nous sommes basés à Romans, nous tenions à intégrer une semelle en cuir qui soit réparable ». Le cycle de vie fait partie intégrante de l’économie circulaire.