DES CHANTIERS BIEN ENGAGES AU SUSTAINABLE LEATHER FORUM 2020

14/09/2020
Le Sustainable Leather Forum, rendez-vous majeur pour le secteur, s’est déroulé physiquement à Paris, envers et contre tout… La seconde édition a accueilli 250 participants et une vingtaine d’experts pour débattre des progrès en matière de RSE dans les métiers du cuir, de la mode et du luxe.

Le Conseil National du Cuir avait initié en 2019, avec l’ensemble de la profession, le premier symposium du cuir écoresponsable. En a découlé l’édition fondatrice d’un Livre Blanc intitulé « La RSE, une réalité dynamique au sein de la Filière Française du Cuir ». L’événement a été reconduit en septembre 2020 au sein du CESE, dans le strict respect des gestes barrière. « Une initiative porteuse, malgré un environnement qui tétanise l’économie mondiale », a déclaré Frank Boehly, président du CNC.

Soutenir la reprise

Le SLF s’est tenu sous le patronage du Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance. Alain Griset, Ministre Délégué chargé des PME, a assuré de son soutien les TPE-PME du cuir affaiblies par la crise, précisant qu’elles étaient concernées par le plan de relance (100 milliards d’euros), soit « 4 fois plus que ce qui a été fait en 2008 ». La formation, la digitalisation ou encore l’exportation font partie des priorités énoncées par le gouvernement. « L’Etat est là pour aider tous nos métiers, a-t-il rappelé. Le virus a bien montré que sans entreprises, l’économie s’arrêtait ». Invitée en clôture, la Secrétaire d’Etat, chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable Olivia Grégoire, a attiré l’attention sur la montée en puissance des pratiques ESG (Environnement Social Gouvernance) au sein de la stratégie RSE. « La transformation de la filière cuir vers un modèle plus durable est bien amorcée. Le cuir français s’est organisé intelligemment en filière et ses développements sont concrets. Le procédé de traçabilité par marquage laser des peaux, mis en place par CTC, est un exemple de son inventivité. La performance extra financière est un sujet qui va s’imposer plus tôt qu’on ne le croit. Ses indicateurs devront être accessibles aux consommateurs comme aux investisseurs. C’est important qu’une filière comme celle du cuir valorise ses efforts en matière environnementale, sociale, de partage de valeurs, de formation car ils seront pris en compte dans la notation économique de l’entreprise et seront des attributs saillants ». A vous de dire que le développement durable est une dynamique … 

Gestion de risques et bientraitance animale, des questions clé

Contexte oblige, face à « l’impermanence des choses », le programme thématique de la rencontre s’est ouvert par un volet de circonstance, consacré à la gestion des risques. La plateforme d’évaluation des fournisseurs en RSE EcoVadis a ainsi observé qu’au moment du confinement, « un tiers des entreprises n’avaient pas pris de mesures spécifiques pour rendre leur chaîne d’approvisionnement plus résiliente. Or la logique de maîtrise des risques se diffuse à travers tous les canaux de l’économie ». Pour l’appréhender plus facilement, le SLF avait invité différents organismes techniques et cabinets de notation à présenter leurs outils et méthodologies. Parmi eux, Mazars, pour qui « la gestion des risques doit faire l’objet d’une approche globale, avec un regard neutre et être abordée comme un levier de croissance. De son côté, l’Agence Européenne ECHA a rappelé que l’Europe disposait d’une « référence mondiale » - la réglementation Reach - et de « la plus grande base d’informations au monde sur les propriétés et effets des substances chimiques ». La table ronde s’est concentrée sur l’amont de la profession et ses bonnes pratiques. L’occasion, entre autres, de « dépassionner » le débat autour de la bientraitance animale, « une donnée rationnelle, mesurable et une préoccupation éthique qui constitue un enjeu majeur pour la filière », a affirmé son président, Frank Boehly. Parmi les tanneurs, Philippe Alfonsi, directeur général du Groupe Saturne (Maisons Fortier et Masure) est venu témoigner des pratiques RSE mises en œuvre depuis longtemps. En les certifiant, Leather Working Group (LWG) contribue à « rassurer l’ensemble des clients ». Les actions responsables sont très diversifiées. Le Rapport Social et Environnemental 2020, prochainement publié par Cotance, dévoilera les avancées européennes des tanneurs mégissiers menées depuis 2012.

Une offre en formation variée et responsable

L’une des spécificités des professionnels français du cuir réside dans leur ancrage territorial. Le CNC le confirme. « Les TPE-PME et artisans forment un réseau indispensable pour le maintien des emplois, la survie des savoir-faire et le dynamisme de nos régions ». La formation et ses enjeux ont fait l’objet d’une table ronde à part entière, précédée d’un keynote par la maison Hermès. Le sellier français - fleuron du luxe et de l’excellence du cuir - a en effet internalisé la formation, embauchant 2500 artisans dans neuf manufactures depuis 2010. « Il y a trente ans, assure Vincent Vaillant, DRH du pôle artisanal Maroquinerie Sellerie, on ne recrutait qu’à Paris des artisans maroquiniers déjà formés. Ce n’est plus vrai aujourd’hui ». Pour les attirer, Hermès est actif sur le terrain à travers divers programmes de sensibilisation (Manufacto, Les Portes du Cuir…). D’autres écoles intégrées assurent aux entreprises une main d’œuvre qualifiée, comme chez J.M.Weston à Limoges ou Lim Group situé en Dordogne. L’Institut des Métiers d’Excellence (IME), créé en 2015, mise sur « l’artisanat 2.0 » pour former le personnel des marques LVMH. Dernière en date, la Chaire Sustainability IFM-Kering sera destinée à « tous les nouveaux étudiants soucieux de s’engager pour accompagner les changements de la mode dans le monde ».