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Le succès des bracelets montre et de la maroquinerie Camille Fournet incite la marque française à renforcer son outil de production. La manufacture de Tergnier prend ses aises dans un bâtiment flambant neuf et s’organise pour répondre à la demande.
La manufacture de Camille Fournet, basée dans les Hauts-de-France depuis 1991, est à l’image des nombreuses PME spécialistes du cuir, disséminées en province. Relancée par Jean-Luc Déchery, la maison de luxe picarde a pris de l’assurance. Le précurseur du bracelet montre « unitaire » (sur-mesure) a étendu son savoir-faire à la maroquinerie en 2011. Le style de ses sacs - un juste équilibre entre tradition et design - séduit. Camille Fournet produit désormais ses collections sur un site d’une superficie totale de 6000 m2.
Production, formation, finition
Le second bâtiment ouvre ses portes à la rentrée 2019. Il a nécessité quinze mois de travaux conduits par Boris Cindric. L’architecte originaire de Sarajevo est un fidèle collaborateur de Camille Fournet. Il a déjà réalisé la première extension de la manufacture ainsi que le flagship de la rue Cambon à Paris. Pour aménager les 2000 m2, il a privilégié la lumière naturelle et un matériau local, la brique. Le bâtiment, qui fait face au premier, est entièrement dédié à la maroquinerie. « Il prépare la croissance des prochaines années », affirme Jean-Luc Déchery qui prévoit de tripler les effectifs en création maroquinière. Pour préparer la relève, l’école Camille Fournet, située à l’étage, s’apprête à former ses premiers apprentis. « La réforme de l’apprentissage est favorable aux écoles d’entreprises, rappelle le dirigeant. Nous prévoyons un CFA ». En plus d’un showroom, le nouveau site innove avec l’ouverture d’un atelier de finition d’alligator. Une peau exotique utilisée à plus de 90% pour les bracelets montre Camille Fournet vendus dans le monde entier. « Notre alligator est parfaitement tracé, assure-t-il. Nos tanneurs achètent la peau en provenance de Louisiane. L’élevage est très réglementé. La filière est dans le giron des grands groupes de luxe. L’atelier de finition est conçu pour réaliser sur place la « mise en couleur ». Un service qui plaira aux amateurs de personnalisation.
Paris, Chine, Japon
« J’ai toujours voulu que le personnel, la matière première, le savoir-faire soient regroupés sous un même toit, poursuit Jean-Luc Déchery. La précédente extension en 2012 a facilité les embauches ». Il est confiant en l’avenir. « La demande est continue. Elle vient d’Asie, notamment du Japon, un marché qui a toujours été très important pour les maroquiniers de luxe ». Camille Fournet compte dix points de vente japonais mais la Chine se développe rapidement. A Paris, la clientèle est moitié française et étrangère. « Le défi pour nous, ajoute-il, est de franchir les mêmes étapes que pour les grands acteurs du luxe. Nous nous développons sur l’axe Paris, Chine, Japon. On va rester longtemps une marque de niche ». Maroquinerie architecturée conçue par des designers, axe de communication artistique, distribution sélective, artisanat « made in France » sous contrôle… L’organisation même du site de Tergnier a fait peau neuve. « L’idée est de faire évoluer la fabrication traditionnelle sans sacrifier son excellence. Le management participatif que nous avons mis en place suscite déjà beaucoup d’enthousiasme au sein des équipes ». Pour l’entrepreneur, « l’important dans le luxe est de ne pas brûler les étapes ».
