BODIN-JOYEUX : UNE RÉFÉRENCE INTERNATIONALE BIEN ANCRÉE LOCALEMENT

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Les 11èmes Rencontres du Cuir, organisées par le Conseil National du Cuir, se sont déroulées chez Bodin-Joyeux dont le thème était centré sur l'ancrage territorial
Les 11èmes Rencontres du Cuir, organisées par le Conseil National du Cuir, se sont déroulées chez Bodin-Joyeux dont le thème était centré sur l'ancrage territorial
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CNC - P&M

La mégisserie Bodin-Joyeux, basée à Levroux depuis 1860, est réputée dans le monde entier pour son agneau plongé et son parchemin. Elle illustre l’importance de l’ancrage territorial, qui est un enjeu d’avenir pour la filière française du cuir.

A l’heure de la surconcentration urbaine et de la désertification des zones rurales, le secteur du cuir en France se mobilise pour défendre l’enracinement local de ses entreprises. Dans ce domaine, la filière est exemplaire. La grande majorité de ses PME/TPE (85%) est implantée en région. Les 11èmes Rencontres du Cuir, organisées par le Conseil National du Cuir, se sont déroulées chez l’une d’entre elles, Bodin-Joyeux, dans le giron de Chanel depuis 2013. Riche d’une longue tradition, elle est totalement liée à son territoire de production et participe au rayonnement du luxe français à l’international.

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CNC - P&M

Consolider l’économie régionale

L’Indre est un bassin du cuir. « Levroux fut un haut lieu de la fabrication de cuir et de parchemin jusqu’à il y a environ trente ans, précise Alain Hubert, à la tête de la mégisserie. Tous les éléments étaient réunis pour permettre le développement de l’activité : des élevages de moutons et de chèvres, la forêt et la rivière alimentant le village, la Céphons. Nous faisons de l’artisanat industriel à partir d’une matière naturelle. En tannerie mégisserie, comme en cuisine, on parle de passion, de recettes, de spécialités locales. Le territoire est une composante essentielle de la vie de la tannerie. La maroquinerie continue de se développer dans un rayon de 50 kilomètres ». Bodin-Joyeux, qui n’a pas cédé à la délocalisation, est le plus gros employeur de la ville. Une force et un atout salués par le président du CNC, Frank Boehly. « Bodin-Joyeux appartient à l’industrie du luxe qui développe le maillage territorial. Tout l’enjeu de l’actuel débat écologique est de favoriser la maîtrise de la production et de rassurer le consommateur sur l’origine des produits ». Mais a-t-il tempéré, « les entreprises du cuir sont confrontées à la lourdeur administrative et l’insuffisance d’une main d’œuvre qualifiée ou non ». Un avis partagé par Nicolas Forissier, député de l’Indre. « On peut être fier du luxe pour lequel travaillent nos entreprises. Mais il faut reconquérir le territoire et veiller à conforter l’existant ».

 

Au plus près des ressources locales

Bodin-Joyeux fait partie de l’histoire de la ville et inversement. « Favoriser le recrutement local est une évidence, affirme Alain Hubert qui, depuis son arrivée il y a deux ans, a entrepris de moderniser le site de production. Notre métier change rapidement. Il faut du temps pour former un tanneur. On doit développer des compétences ». Les 85 employés ont été recrutés localement pour la grande majorité. Le personnel rajeunit aussi progressivement et de nouveaux postes ont été créés. « La formation est un axe essentiel de progrès », poursuit le dirigeant, très attaché aux certificats de qualification professionnelle (CQP) mis en place avec la Fédération de la Tannerie Mégisserie et CTC à Lyon. La mégisserie de Levroux participe aussi plus largement à la vie sociale de la commune. Comme la fête annuelle du cuir et du parchemin. « Nous soutenons la manifestation et organisons dans ce cadre des rencontres professionnelles qui ont favorisé des embauches dans le domaine du cuir », ajoute le chef d’entreprise. Bodin-Joyeux a participé également au salon Smart 36, à l’initiative de la CCI et a rejoint A2I, l’agence d’attractivité de l’Indre, initiée par le conseil départemental. Un maillon fort du patrimoine local.