Entretien avec Nicolas Theil

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CNC

A la tête de sa marque, Nicolas Theil se distingue par ses sacs très singuliers et son usage novateur de l’imprimante 3D.

Ses études le prédisposaient à une carrière d’ingénieur dans l’automobile jusqu’à ce qu’il intègre l’école de mode Duperré et se spécialise dans l’accessoire. A moins de trente ans, Nicolas Theil reconnait volontiers que son « esprit créatif, conceptuel avec un background technique » est un profil atypique.

C’est en 2008 qu’il débute chez Jean Paul Gaultier où trois ans durant, il occupe plusieurs fonctions : assistant studio, prototypiste, styliste en maroquinerie… En 2011, le créateur touche à tout saute le pas et lance sa marque éponyme.

Le nom de chacune de ses collections est significatif : Ecorce Végétale, Floraison Radioactive, Mutation Marine, Hybridation Atomique reflètent une vision singulière de sa principale source d’inspiration, une nature tour à tour fascinante et effrayante, protectrice ou dangereuse. La pomme gainée de cuir précieux et exotique, qu’il a déclinée en manchette et en clutch oversize, est devenue emblématique de son travail.

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Nicolas Theil

D’autres formes inédites illustrent sa maroquinerie mutante : sac oursin hérissé de piquants, fish bag rétroréfléchisant, minaudière ovoïde à ouverture « requin »… « J’aime surprendre, confie le créateur, inventer des volumes, trouver des réponses à des questions ». Comme privilégier des chutes de cuir dans un souci d’économie, soigner l’intérieur de ses manchettes en cuir végétal ou moduler les attaches de ses sacs pour proposer différents porters. Car Nicolas Theil est aussi sensible à la structure, la géométrie - acquises durant ses études lycéennes à Tokyo - qu’à l’évolution technologique, partie intégrante de son processus de création.

Pour réaliser les formes nées de son imaginaire, le jeune créateur ne se contente pas de les dessiner, de les façonner, de couper et de coudre les peaux de python, de crocodile ou encore le cuir végétal. Il élabore aussi, dans son atelier « laboratoire » parisien, les propres moules de ses bijoux, de ses sacs, de leurs fermoirs en utilisant une imprimante 3D.

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Nicolas Theil

« J’avais expérimenté la modélisation 3D pendant mes études d’ingénieur puis j’ai redécouvert l’imprimante 3D, explique Nicolas Theil. Elle me permet aujourd’hui de tester des formes et de réaliser en ABS des coques souples et très solides à la fois. C’est un outil particulièrement adapté à la production de petites séries ». Chez Nicolas Theil, technologie et artisanat se complètent et s’enrichissent mutuellement. Une nouvelle voie originale pour créer des accessoires de demain