MAISON CLAIRVOY, DU MUSIC HALL A LA MESURE

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Maison Clairvoy, du Music Hall à la mesure
Maison Clairvoy, du Music Hall à la mesure
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Située au pied de Montmartre à Paris, la Maison Clairvoy défend depuis 1945 un métier très singulier : celui de bottier sur mesure pour le milieu du spectacle.

L’ascension d’un homme de l’art

L’atelier de chaussures parisien doit son nom à son fondateur, Edouard Adabachian, qui débute sa carrière en tant qu’apprenti bottier. Il adopte rapidement le nom d’artiste Clairvoy et devient « le peintre bottier de la butte ». Après guerre, il chausse les particuliers. Mais, voisin des cabarets, il rencontre de plus en plus d’artistes. Il chausse, dès 1960, les danseuses du Moulin Rouge puis du Lido à partir de 1965. Le succès est tel que la boutique doit s’agrandir à la fin de la décennie. L’atelier de fabrication et le stock de peausseries s’installent en face, de l’autre côté de la rue. Le bottier multiplie les clients prestigieux, Crazy Horse, cirques de renom, compagnies théâtrales, comédies musicales, opéra… Sa fille Chantal avec son mari Antoine dirigent alors la maison familiale tout en suivant l’évolution des scènes parisiennes et l’essor du divertissement télévisé. Mais la mode tourne le dos progressivement à l’artisanat et précède le déclin de la botterie sur mesure. En 2006, le Moulin Rouge rachète son fournisseur afin de préserver son savoir-faire historique et confie sa direction à un artisan bottier, formé chez les Compagnons du Devoir, Nicolas Maistriaux.

Un artisan bottier tourné vers l’avenir

Toutes les chaussures du Moulin Rouge sont fabriquées dans l’atelier : 800 paires environ. La plus emblématique est la bottine de French Cancan, conçue pour la création du Quadrille de 1889. Rouge et bleue, avec son laçage en trompe l’œil et un zip extérieur - pour ne pas blesser la danseuse dans ses mouvements - elle est caractéristique. Sa fabrication demande 25 heures, elle est aussi disponible pour le particulier. Chaussures souples d’acrobates, botte cuissarde de carnaval, longues péniches de clown, les modèles de spectacle qui sortent de l’atelier répondent tous à des exigences techniques propres. La salomé, incontournable, est dédiée à toutes les formes de danses mais pas seulement… La Maison  Clairvoy, qui assure toutes les réparations,  complète en effet son activité avec une botterie de luxe exclusive destinée aux particuliers. « J’ai voulu renouer avec les premières amours du fondateur, la chaussure de ville sur mesure », précise Nicolas Maistriaux. Ses bottes féminines plaisent beaucoup. L’homme n’est pas oublié avec une carte courte de « grands classiques » élégants, disponibles dans un large colorama. Pour les découvrir, il faut franchir la porte de la petite boutique parisienne aux murs tapissés de dessins originaux représentant artisans en action et créations sur mesure… Sur le sol, un carré rouge, minéral et lisse, permet de tester les chaussures. La forme en bois de chacune, nécessaire à sa fabrication, s’empile jusqu’au plafond depuis des décennies, dans l’atelier d’en face.

-	La boutique historique est située au pied de Montmartre. Photo Maison Clairvoy J.Habas
La boutique historique est située au pied de Montmartre. Photo Maison Clairvoy J.Habas
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La Maison Clairvoy est spécialisée dans la chaussure de spectacle depuis 1945
La Maison Clairvoy est spécialisée dans la chaussure de spectacle depuis 1945
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La botte Cancan exige 25 heures de travail
La botte Cancan (à gauche) exige 25 heures de travail
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Les chaussures se réparent à l'atelier après chaque spectacle si besoin
Les chaussures se réparent à l'atelier après chaque spectacle si besoin
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Les formes en bois sont archivées dans l’atelier
Les formes en bois sont archivées dans l’atelier
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Les stocks de cuir à l'atelier
Les stocks de cuir à l'atelier
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Retrouvez notre rencontre avec Nicolas Maistriaux, la botte secrète de Maison Clairvoy.