Newsletter n°3

EDITO // LES APPRENTIS ONT UNE CARTE A JOUER DANS LES METIERS DU CUIR

A l’heure où les entreprises ont besoin de recruter, 70% des apprentis trouvent un emploi durable. L’apprentissage est un système qui a fait ses preuves. J’entends le soutenir au sein du Conseil National du Cuir car il se révèle particulièrement adapté aux TPE qui constituent le noyau dur de nos métiers. Plus de 55% des contrats d’apprentissage concernent en effet les entreprises ne dépassant pas les neuf employés. L’entrée en vigueur depuis le 1er juillet de la mesure « TPE jeunes apprentis » est un nouveau pas dans la réforme globale de l’apprentissage engagée sur le plan national. L’aide sur l’année de 4400 euros pour l’embauche d’un apprenti mineur devrait encourager les acteurs du cuir face à l’apprentissage. Certes, former une nouvelle recrue, en l’encadrant et en l’accompagnant au quotidien, exige une disponibilité parfois peu compatible avec le rythme de la vie en entreprise. Mais le système de l’alternance assure des acquis solides sur le marché du travail. Comme la rigueur, la discipline, l’implication qui sont nécessaires à l’exercice autonome et responsable de tout savoir-faire. Le tutorat caractéristique des Compagnons du Devoir confirme son efficacité comme son excellence et le Conseil National du Cuir est particulièrement heureux de l’installation à Pantin d’une maison flambant neuve intégrant un Pôle, unique en son genre, dédié à nos métiers du cuir. L’avenir de nos savoir-faire se trouve dans les mains de la jeunesse que nous avons pour mission de former. Pour convaincre notre filière de recruter davantage, sans doute faudra t-il encore procéder à des ajustements : améliorer les outils, optimiser l’orientation des apprentis, simplifier les mesures, coordonner les actions… La mobilisation et l’engagement doivent être collectifs pour projeter dans le futur le savoir-faire français de tous nos métiers.

Frank Boehly

Président du Conseil National du Cuir

 

FOCUS // PANTIN ACCUEILLE EN 2015  LA DERNIERE MAISON DES COMPAGNONS

Le Pôle d’Excellence des Matériaux Souples en Ile-de-France n’a pas d’équivalent dans le monde.

Crédits : 
Nadine Guérin

Après Paris et Epone, c’est à Pantin que l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France a choisi d’ancrer sa nouvelle adresse : une maison résolument novatrice, appelée à jouer un rôle moteur. Le cabinet d’architecture parisien CoBe a aménagé le bâtiment de 1400 m², capable d’accueillir 300 jeunes en hébergement (pour les 16 à 22 ans) et en formation. Leur futur métier ? Sellier garnisseur - ouvert sur des domaines aussi divers que l’ameublement, l’aéronautique, les sports ou les loisirs -, maroquinier et cordonnier bottier (avec une spécialité podo-orthésiste). Leur savoir-faire est aujourd’hui très recherché par les acteurs du luxe mais pas seulement… Rue des Grilles, l’atelier où ils s’exercent au quotidien est visible de tous, derrière les larges baies vitrées ouvrant sur la ville. Ces trois métiers qui donnent toute sa valeur ajoutée au cuir « à la française » font la spécificité - avec celui de tapissier - du Pôle d’Excellence des Matériaux Souples.

Quelques mois ont suffi au PEMS pour inscrire durablement son originalité dans le sud-est parisien. Il prépare en effet 9% de l’effectif total des Compagnons du Devoir aux métiers du cuir. Leur évolution est forte, plus 70% en six ans. La région Ile-de-France, elle-même, est la plus active de l’hexagone, employant à sa sortie un compagnon sur cinq. « Les entreprises apprécient particulièrement l’apprentissage effectué en alternance sur le terrain, souligne Etienne Buffard, qui dirige le PEMS. Les jeunes n’arrivent pas chez nous par défaut. Ils deviennent rapidement des experts de la mise en œuvre ». En 2015, le taux de réussite du CAP Maroquinier est de 100%. A la rentrée prochaine, l’ouverture d’une Procédéthèque (bibliothèque d’assemblages et de finitions) permettra d’approfondir le savoir-faire à travers les différentes techniques. A suivre, des conférences ouvertes sur la filière, le Défi Innover Ensemble soutenu par la fondation J.M.Weston, d’autres collaborations avec un nombre croissant de partenaires pédagogiques… 

 

GRAND ANGLE // DE L’INTERET DU COMPAGNONNAGE

Le réseau des Compagnons est étroitement lié aux entreprises du territoire.

Les premières expériences de « voyage » à travers la France pour les ouvriers remontent au XIIIème siècle. Huit siècles plus tard, en 2010, ce concept si singulier est reconnu au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. L’intérêt de cette grande Ecole des hommes de métier en compagnonnage n’est pas seulement éducatif. Sa dimension humaine et professionnelle repose sur deux valeurs fondamentales, la transmission et la mobilité. L’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCDTF) est unique au monde.

Fondée en 1941, elle dispense une formation en alternance à 28 métiers différents, dont ceux du cuir. L’enseignement accessible dès la classe de 3ème va du CAP à la licence pro en partenariat avec le CNAM. Le parcours commence par une préparation au métier via l’apprentissage et se poursuit sur le Tour de France comme aspirant puis Compagnon avec la réalisation d’un travail de maîtrise, baptisé Chef d’œuvre ou travail de Réception. Le tour de France est une expérience particulièrement enrichissante qui permet de changer de ville, d’entreprise mais aussi de langue et de culture car depuis les années 90, le voyage des itinérants s’est largement internationalisé. Au XXIème siècle, le profil des Compagnons a évolué, intégrant un nombre croissant de jeunes femmes, de bacheliers et de diplômés (Bac+4), attirés par l’envie de s’épanouir dans leur futur métier. C’est particulièrement vrai pour les métiers de la sellerie, de la maroquinerie, de la cordonnerie botterie enseignés au Pôle d’Excellence des Matériaux Souples à Pantin. L’éthique originelle du Compagnonnage est cependant restée intacte : « Ni se servir ni s’asservir mais servir ». Le savoir-être et le vivre ensemble valorisent l’exercice d’un métier. Aujourd’hui, 90% des jeunes trouvent un emploi à l’issue de leur formation et 84% sont toujours dans l’emploi cinq après.

Crédits : 
Conseil National du Cuir

 

LE CHIFFRE // 164

C’est le taux de couverture des échanges d’articles de maroquinerie en 2014.

La maroquinerie française, en dépit du ralentissement du secteur du luxe, n’en est pas moins excédentaire. Elle vend davantage qu’elle n’achète. Les échanges sont les plus notables avec l’Union Européenne, les Etats-Unis et Singapour qui montent en puissance. Portées par le sac à main, les exportations de la maroquinerie française s’élèvent à 5,7 milliards d’euros.