Newsletter n°11

EDITO // LA FILIERE TRAVAILLE SUR LE LONG TERME

Le Conseil National du Cuir a pour vocation de servir l’ensemble des acteurs français du cuir et de favoriser leurs activités. Nos actions mettent à chaque fois en lumière l’excellence de la filière et la capacité de nos entreprises à s’imposer sur les marchés en France et à l’international. Nous considérons que le bilan 2016 est très positif et je m’en réjouis au nom de la filière. Nous devons cependant poursuivre nos efforts afin de soutenir le dynamisme et la compétitivité des métiers du cuir.

Ainsi le relèvement du plafond de la taxe affecté, adopté à l’unanimité par l’Assemblée Nationale en décembre dernier, récompense-t-il des années de lobbying intense. Avec CTC, nous avons mené campagne dès que cette mesure a été votée en 2011 car elle pénalisait durablement notre activité industrielle. La suppression du plafond sera une prochaine étape future. Nous nous sommes aussi mobilisés pour défendre le mot Cuir, utilisé à tort par un certain nombre de supports. Cette dérive n’est pas un sujet mineur. On ne peut pas appeler cuir ce qui n’en est pas, c’est ce que précise le décret de mars 2010. En partenariat avec la Fédération Française de la Tannerie-Mégisserie, le CNC va utiliser tous moyens, y compris juridiques, pour faire respecter l’usage du mot Cuir.   

Les PME et TPE françaises du cuir ont besoin d’être soutenues sur le terrain car elles sont souvent isolées et confrontées à de nombreux obstacles qui les fragilisent. Les Pôles Cuir, qui ont commencé à voir le jour en 2015, facilitent leurs échanges et leur permettent de créer d’indispensables synergies. Le Pôle Cuir Aveyron et le Cluster Cuir Nouvelle Aquitaine sont d’ores et déjà actifs, en partenariat avec le CNC. Des regroupements similaires sont à l’étude avec le Grand Besançon et le pays de Montbéliard, mais aussi avec la région Rhône Alpes et Romans.

Les Rencontres du Cuir procèdent depuis 2014 de la même volonté de réunir sous la même bannière les fédérations de la filière tout en sensibilisant médias et pouvoirs publics à la réalité de nos métiers. Nos derniers rendez-vous avec Le Pôle Cuir Aveyron à Millau et J.M.Weston à Limoges ont connu un réel succès.

La création et la transmission d’entreprises sont par ailleurs étroitement liées, nous en sommes convaincus. C’est pourquoi, nous allons créer un fonds de garantie pour la transmission d’entreprise, une démarche à laquelle nous souhaitons associer la BPI.

D’autres projets nous tiennent fortement à cœur. C’est le cas de la Maison du Cuir, qui verra le jour prochainement dans les locaux du CNC. Le regroupement de plusieurs fédérations sous un même toit aura une double finalité : mutualiser les moyens humains et financiers et renforcer la cohésion de la filière. La RSE est un autre sujet, vaste et stratégique qui nous concerne tous. Le cadre règlementaire auquel sont soumises les entreprises françaises constitue un socle solide qui nous permet de revendiquer une certaine exemplarité. Il appartient à la filière de communiquer positivement sur ce sujet.

Nos métiers du cuir font rayonner un savoir-faire spécifique, vivant et innovant. Il sera mis en valeur par nos fédérations à l’occasion du salon Révélations au Grand Palais en mai prochain.

Enfin nous pouvons nous réjouir de l’adhésion de l’Union Sport & Cycle au Conseil National du Cuir. La démarche de cette grande fédération, unissant les fabricants et les distributeurs d’articles de sport, démontre, s’il en était besoin, la place centrale qu’occupe le cuir en France, aussi bien dans l’industrie que dans le commerce.

Frank BOEHLY, Président du Conseil National du Cuir

 

FOCUS // LA FILIERE FRANCAISE DU CUIR EDITE SON LIVRE BLANC

Le Conseil National du Cuir et ses vingt fédérations ont réuni dix propositions ciblées pour accroitre les performances et l’attractivité des entreprises de la filière.

Crédits : 
Conseil National du Cuir

Le cuir français est un pôle d’activité stratégique. 9 400 entreprises emploient, de l’amont à l’aval, 130 000 salariés. La filière, positionnée sur le haut de gamme, réalise 25 milliards de chiffre d’affaires, dont 9,3 milliards d’euros à l’export. L’excellence des savoir-faire de nos entreprises industrielles et leurs capacités d’innovation rayonnent à l’échelle internationale. « En dépit d’un développement remarquable, nos entreprises sont confrontées à de nombreux obstacles qui les fragilisent », alerte le Conseil National du Cuir, union interprofessionnelle regroupant l’intégralité de la filière.

Le premier d’entre eux concerne la taxe affectée, dont le plafonnement voté en 2011 réduit les ressources des petites et moyennes entreprises. Son déplafonnement souhaité par la filière est un enjeu de croissance décisif.

Pérenniser le tissu industriel, en favorisant la transmission d’entreprise et le soutien aux jeunes entrepreneurs est un autre défi à relever. Le Conseil National du Cuir, avec la Fédération Française de la Chaussure, ont déjà créé une association qui assure aux jeunes entrepreneurs des programmes de coaching et un fonds de garantie pour un accès facilité au crédit. La filière propose également de dynamiser l’investissement via une fiscalité attractive pour les particuliers ou bien encore la création d’un fonds pour la reprise et la transmission d’entreprises.

Il faut se réjouir de l’essor de la maroquinerie et du renouveau de la chaussure françaises. Toutefois, la formation des jeunes se révèle insuffisante et souvent inadaptée pour répondre aux besoins de nos entreprises. La création d’une « formation générale cuir », comme le souhaite le CNC, valoriserait par ailleurs l’attractivité pour les métiers du cuir auprès des jeunes.

La fabrication de cuir de premier choix - une exigence pour les marques de luxe - est un maillon primordial à renforcer. Pour augmenter une matière première de haute qualité, les efforts engagés par tous les professionnels de l’amont pour protéger la peau et le bien-être des animaux doit être renforcé et nécessite une aide des pouvoirs publics.

En tant que référence dans l’univers économique du cuir, le CNC, a pour mission d’intervenir à tous les niveaux de la filière. Cela concerne aussi bien le respect du décret encadrant l’usage du mot « cuir », la lutte contre la contrefaçon ou encore la défense  du commerce d’articles en cuir. « L’échéance électorale est un moment privilégié pour faire valoir les attentes des métiers du cuir, souligne Frank Boehly, Président du CNC. Nous demandons aux décideurs politiques de prendre en considération nos propositions pour que notre filière, plus forte et plus compétitive, puisse continuer à créer des emplois en France tout en étant l’un des meilleurs ambassadeurs du savoir-faire français à l’international ». 

 

GRAND ANGLE // J.M.WESTON, MAESTRIA ET PERFORMANCE D’UN FLEURON DU LUXE

Crédits : 
Conseil National du Cuir

Le Conseil National du Cuir a organisé ses 6èmes Rencontres du Cuir à Limoges, dans une maison phare de l’industrie française de la chaussure. J.M.Weston incarne depuis plus d’un siècle ans un savoir-faire bottier à l’excellence sans cesse réinventée. 

Crédits : 
Michel Labelle

La manufacture de Haute Vienne fait partie des Entreprises de Patrimoine Vivant. Possédant sa propre tannerie depuis 1981 (tannerie Bastin), J.M.Weston perpétue une tradition d’élégance mondialement reconnue. 170 salariés produisent 280 paires par jour dans les quatre ateliers de tige, piqûre, montage, bichonnage. Des années d’apprentissage sont nécessaires pour acquérir la dextérité exigée. C’est pourquoi l’entreprise a créé une école de formation en interne. Les modèles cousus sur semelle de cuir demandent jusqu’à 160 prises en main. Depuis 1975, les bottes de la garde républicaine sont fabriquées à la main à Limoges. Le directeur artistique Michel Perry fait évoluer en douceur les lignes masculines et féminines, véritables « concentrés » de savoir-faire.

Thierry Oriez, PDG de J.M.Weston

« Tout a démarré en 1891 avec une manufacture de haute facture dans la chaussure masculine. Le cousu Goodyear, importé des Etats-Unis en 1904, est adapté à l’entreprise. Le nom J.M.Weston est adopté en 1922. A l’heure de la tentation de repli, la marque continue d’incarner ses valeurs originelles : la curiosité, l’innovation, le voyage. Les facteurs de réussite de l’entreprise reposent sur des principes fondamentaux. Toutes les chaussures sont fabriquées avec des peausseries irréprochables à Limoges, à l’exception des produits soudés. Avec la demi-mesure et la commande spéciale, nous assumons parfaitement notre savoir-faire chausseur. Le savoir-faire sert le propos créatif. Nous voulons le transmettre aux nouvelles générations. C’est pourquoi nous formons de jeunes apprentis à travers notre école des savoir-faire ».

Les caractéristiques du savoir-faire de la filière française du cuir

Sophie Hivert, Déléguée Générale de la Fédération Française de la Tannerie et Mégisserie

«  Notre industrie transforme une peau animale en cuir fini. Un décret règlemente d’ailleurs l’appellation Cuir. Tanneurs et mégissiers constituent le premier maillon de la chaine. Ils sont répartis sur tout le territoire dans des installations sous haute surveillance. Ils sont très impliqués dans une production consciente et respectueuse de l’environnement ».

Arnaud Haefelin, Président de le Fédération Française de la Maroquinerie

« Notre secteur représente 20 000 emplois et crée 600-700 postes en moyenne par an. La maroquinerie repose sur la pérennisation des savoir-faire. Les articles de voyage, la chasse, la sellerie, la gainerie, les bracelets montre sont autant de savoir-faire spécifiques. Derrière les groupes de luxe qui sont le fer de lance de notre profession, les PME sont nombreuses à se battre au quotidien. L’apprentissage est la voie royale par laquelle on pourra intégrer les jeunes dans nos entreprises. Mais pour un grand nombre d’entre elles, cette formation est trop coûteux ».

Claude-Eric Paquin, Président de la Fédération Française de la Chaussure

« La chaussure a perdu 90% de ses effectifs en 30 ans mais elle est à nouveau dynamique. C’est un métier spécial avec un minimum de 120 opérations manuelles. Très peu de produits industriels peuvent en compter autant. Beaucoup de nos entreprises ont compris qu’elles devaient se positionner sur le haut de gamme. J.M.Weston est un exemple. Elle conjugue excellence, savoir-faire et renommée, ce qui explique ses résultats à l’export ».

Renforcer et développer les succès de la filière

Yves Morin, Directeur Général de CTC

« L’innovation doit trouver toute sa place dans notre filière. Elle se cache parfois dans les détails. On travaille par exemple actuellement sur de la colle sans solvant. L’innovation est présente dans les bureaux d’étude comme dans la robotisation. L’ergonomie limite la pénibilité. On peut ainsi plus facilement attirer les jeunes. Même dans une entreprise traditionnelle, on se doit d’être innovant. Nos métiers combinent savoir-faire, mode, technologie, export. Quatre atouts pour attirer les jeunes».

Claude-Eric Paquin, Président de la Fédération Française de la Chaussure

«  La formation et la transmission sont liées. C’est une grande responsabilité pour les entreprises de recrédibiliser le travail manuel. Quand une entreprise ferme, son savoir-faire disparait. Il faut faciliter la transmission d’entreprise ».

Frank Boehly, Président du CNC

« Pour continuer à innover et à créer de la richesse, la filière française du cuir a besoin de ressources. La taxe affectée, financée majoritairement par les grandes entreprises, permet une redistribution vertueuse en faveur des PME. Or le plafond, déjà très contraignant, a été revu à la baisse en 2016. Le plafonnement de la taxe affectée est une mesure antiéconomique qui limite la croissance.

Pour sauvegarder les savoir-faire de la filière cuir, le CNC et la Fondation J.M.Weston sont partenaires des Compagnons du Devoir et soutiennent leur  projet de Procédéthèque des matériaux souples. Son ambition est d’être à la fois un conservatoire de nos savoir-faire, mais aussi et surtout un laboratoire dédié à l’innovation. Bien plus qu’un outil, elle sera la mémoire vive de nos métiers ».

 

LE CHIFFRE // 3ème place 

C’est le rang de la France dans les exportations mondiales de cuirs et peaux bruts.

Même si c’est assez loin des deux leaders, la France maintient son rang dans le trio de tête. Avec 5,6% du marché, elle est le troisième exportateur mondial de cuirs et peaux bruts derrière les Etats-Unis (29,1%) et l’Australie (10,9%). Les pays européens sont nos premiers acheteurs. Les trois quarts de nos exportations sont destinés à l’Italie.