Entretien avec David Rosenblum

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CNC

Formé par son père dans l’atelier parisien, David Rosenblum ouvre de nouveaux horizons au métier de gainier doreur d’art.

A 37 ans, David Rosenblum allie ses deux passions, l’ennoblissement du cuir et le dessin. 
« Mon père, l’un des derniers à enseigner la dorure et la gainerie, m’a tout appris », confie t-il dans l’atelier familial, situé non loin de la Bastille.

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David Rosenblum

Il faut remonter à 1895 pour connaitre l‘origine de l’atelier ouvert par Jean Bettenfeld, gainier réputé et proche de l’Ecole de Nancy. Les fers à dorer de l’artiste Majorelle font d’ailleurs partie de la collection exceptionnelle réunie par l’atelier, 7500 pièces au total. Les armes en bronze du Vatican ou de Catherine de Médicis s’exposent fièrement sur l’un des murs…

Le père de David, qui avait relancé l’atelier de son ami Jean, s’arrête à la fin des années 90. « Il s’était rapidement tourné vers la mode, explique le gainier doreur. La réduction des budgets de l’Etat en matière de restauration a été fatale à de nombreux artisans ». Aujourd’hui, David fait tout de A à Z et développe sa singularité.

Deux procédés sont exclusifs à l’atelier : la sérigraphie et la découpe au laser. « Le laser est moins connu en gravure qu’en dentelle, précise t-il. Le cuir reste doux au toucher sans aucune brûlure. ». Marques de luxe et créateurs sont friands de son savoir faire unique. C’est le cas de Fred Marzo, Isaac Reina, Julien Fournié… Pour les bracelets en cuir végétal de Lisa Vanbach, l’atelier réalise teintures, patines et motifs placés.

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Lisa Van Bach

Pour David, « un artisan doit être témoin de son temps. Restaurer pour perpétuer la tradition mais aussi alimenter la création ». Son positionnement haut de gamme lui ouvre la voie à de nouveaux territoires. Le casque audio Aëdle est distribué chez Harrod’s, Rick Owens, au Japon… La décoration d’intérieur l’intéresse aussi. Sur une cave à cigares gainée de python avec l’ébéniste Dufay, il a collé chacune des écailles à la main…

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Atelier Dufay

L’export représente 90% de l’activité de l’atelier parisien. « Le marché est mûr », souligne son dirigeant, qui travaille tous les cuirs tout en privilégiant les tanneries françaises. « Le métier, qui est l’un des plus anciens du cuir, a longtemps été masculin. De plus en plus de femmes veulent apprendre la gainerie », remarque David, dans un sourire.